Des milliards d’euros ont été gaspillés dans le plan anti-pesticides en France en dix ans

En octobre 2007, lors de la conclusion du Grenelle de l’environnement, la France s’est fixée l’objectif de réduire de moitié l’usage des pesticides, et cela en dix ans. En 2008, 800 000 millions d’euros avaient été débloqués pour un programme dédié à cet objectif : le plan Ecophyto 2018. A cette somme ont été ajoutés 400 millions d’euros chaque année entre 2009 et 2021. Loin des résultats escomptés, l’usage des pesticides a augmenté de 15 % entre 2009 et 2019. En cause : projets inefficaces, détournements de fonds, et lobbying.

Anne Laure-Barral, journaliste à l’origine de l’enquête menée pour FranceInter, explique que lors d’une réunion au ministère de l’environnement en 2008, l’annonce de la réduction des pesticides a été abordée très rapidement et surpris les syndicats agricoles ainsi que la FNSEA et des Chambres d’Agriculture. Ils ont exprimé leur colère et obtenu l’ajout d’un « si possible » à la fin du texte officiel.

En 2014, dans le cadre d’une mission parlementaire, Dominique Potier tire la sonnette d’alarme : 361 millions d’euros ont déjà été dépensés dans le cadre du plan. D’après lui, il y a trop de donneurs d’ordre, et les agences de l’eau ont leur propre logique, ce qui a dispersé les forces employées à ce but.

Laurence Guichard, ex-ingénieure agronome à l’INRA, estime que le plan a été  : « pensé dans une vraie logique de guichet, avec la possibilité pour les uns de récupérer de l’argent pour financer des postes et des activités »

tandis que ceux qui donnaient l’argent, notamment les pouvoirs publics, travaillaient avec « une logique de distribution d’argent sans réel souci de résultats (…) Il y a beaucoup de financements dans la recherche de programmes qui ne sont pas forcément utiles à Ecophyto et à la confection de systèmes moins dépendants. »

Des dépenses inutiles ont été faites pour des études menées sur les mêmes sujets, parfois à plusieurs reprises, comme sur les effets des pesticides, là où le plan avait logiquement pour but la mise en place de véritables actions pour les réduire. Une partie des financements a aussi été versée dans des domaines qui ne sont pas liés à la réduction des pesticides.

En novembre 2019, la Cour des Comptes élève le bilan des plans Ecophyto : ce ne sont pas 800 000 millions, mais 4 milliards sur les fonds publics qui auraient été dépensés entre 2009 et 2021, soit 400 000 euros en plus par an.

Certains acteurs ont ainsi…

La suite est à lire sur: lareleveetlapeste.fr
Auteur: Maïté Debove