Déserte le désert, vieux chameau !

« Impossible, c’est la définition d’un évènement jusqu’au moment où il se produit. » Erri de Luca.

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Le désert, c’est ici, maintenant, partout, mais surtout dans la mégapole où ça grouille dehors et ça se terre dedans.Le désert, c’est notre mal commun, nos vies réduites au stade terminal, connectées à la maladie de la peur.Le désert, c’est notre langue, notre langue tétanisée d’avoir trop léché les culs-de-sac statistiques, notre langue neutralisée par la dialectique absurde du tabou et de la permission.Le désert, c’est le parc d’attractions où les mirages nous laissent désœuvrés, les mains vides, desséchés par une atroce soif de vivre .Le désert, c’est ce qui croît en nous, à l’ombre du prétexte sanitaire.

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A chaque jour suffit sa peine.

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Le bébé hurle, la machine à laver qui essore les langes constellés de merde dorée hurle, le frigo qui dégueule de la glace hurle, la bouilloire qui se croit sur un trampoline hurle, la sauce attache, les poires pourrissent, les glands tombent, le temps passe, la pensée échappe, les autorités terrifient, le quotidien est un miroir aux alouettes qui ne se brise pas.

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A chaque jour survit sa peine.

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L’ontologie est une entreprise de pétrification de tout ce qui devient, autre et même, sans durée d’importance à l’échelle de l’infini, un intervalle entre deux battements de cœur.L’actualité est toujours autre et même, comme un tourbillon où se fige parfois un détail que l’on voudrait universel, illusoire ou tangible, on ne sait jamais.On ne sait jamais ce qui se passe, en réalité, et si une histoire nous le raconte, c’est toujours trop tard.L’ontologie de l’actualité est un journal imprimé sur un papier acide, elle s’effrite entre les mains.

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L’espèce s’en branle, de la conscience effrayée de la mort qui est la condition sine qua non d’existence de chacun de ses membres.

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Les cadavres pourrissent, et…

Auteur: lundimatin
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