Déserter pour mieux riposter

Bonjour pouvez-vous rapidement présenter votre association « Vous n’êtes pas seuls » ? Contre quelle solitude vous battez-vous ?Comme l’analyse Malatesta : « Il nous semble que ce qui vraiment enlève la liberté, et rend impossible l’initiative, c’est l’isolement qui rend impuissant. » Pensée il y a plus d’un siècle, cette idée s’inscrit dans une réflexion très actuelle sur les façons de s’organiser comme contre-pouvoir efficace aux puissances coordonnées de l’État, de l’industrie et du capital. Or, s’organiser en une force collective, c’est délicat quand on aspire à l’autogestion, donc qu’on se méfie des chefs, des structures hiérarchiques et des techniques autoritaires. Pour autant « l’organisation, loin de créer l’autorité, est le seul remède contre elle » selon le révolutionnaire italien, car « plus on est uni, plus on peut se défendre efficacement ». Lorsqu’il écrit ces lignes, en 1897, les bourses du travail et le syndicalisme révolutionnaire viennent de naître. Autogestion ouvrière, grève générale, éducation populaire, action directe, sont autant de pratiques formalisées, puis généralisées par ces structures d’inspiration anarchiste auxquelles les salariés doivent tant d’acquis sociaux. Aujourd’hui en France, à rebours de ses origines, on observe une tendance toujours plus réformiste des syndicats majoritaires, ainsi qu’une chute des effectifs syndicaux. Les salarié.e.s sont plus isolé.e.s que jamais, surtout les jeunes et dans le privé. Dans une excellente enquête sur la démission de la classe laborieuse, le magazine Frustrations parle de « la perte de nos outils collectifs de résistance aux injustices », et de « la solitude des travailleurs dont tout le monde se fout ».

Quand on associe enfin ces tendances à l’explosion des inégalités, à l’extinction des conditions de vie sur terre, à l’exploitation néocoloniale des Suds, permises par le capitalisme, l’industrie, et l’impérialisme, quand on comprend en quoi son travail y participe et que de fait, on se retrouve à contre-courant de l’idéologie portée par son employeur ou son secteur : la solitude devient une souffrance encore plus vive.

C’est précisément cette solitude que notre association tente de combler, en accompagnant les salarié.e.s souffrant d’une fracture entre leur travail et leurs valeurs.

Vous êtes un collectif de « déserteurs ». Qu’est-ce que la désertion ? Pourquoi déserter ?Jeunes cadres dits « supérieurs », exerçant dans des multinationales à…

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Auteur: lundimatin