Destituer par l'enfance

Destituer par l’enfance regroupe onze notes relatives au dernier livre de Jean-Marie Gleize : Dans le style de l’attente. Ces notes (parcellaires et partiales) réfléchissent à ce que pourrait faire ce poème, à ce qu’il pourrait devenir. Aux possibilités matérielles qu’offre sa lecture.

1. Le poème serait un lieu intransitif mais ouvert

Du poème en prose ? Des fragments de journal ? Des récits incomplets ? Et que dire de ces photos gagnées par le noir ou déchirées ? Et de ces phrases qui s’avortent, se brisent, se trouent, flirtent avec le vers ? Des souvenirs impersonnels pour une « biographie de personne » ? Ou une impossible remémoration, un roman familial à Tarnac qui s’efface ou qui s’annule à mesure qu’il se produit ? Ces questions ne sont pas purement formelles : la dislocation, le jeu de l’hétérogène et l’obscur (figuré, ou littéral) font du poème le lieu d’une expérimentation. Et si celle-ci prend des allures intransitives, elle ouvre aussi à un dehors : à ce qu’on nommerait (faute de mieux) une enfance destituante.

2. Le poème dessinerait un tir en cloche (pour défaire le transcendant) 

En exergue du livre, une citation de Bloy : « La mission particulière de chacun est mystérieusement déterminée par le nom qui lui fut imposé au baptême ». On tiendrait dans les mains un livre sur le langage, les origines, sur l’intime et ses mystères, une histoire de baptême, d’imposition verticale (transcendance et nomination.) Enfin bref l’affaire serait entendue : on tiendrait un livre de Posésie (avec un grand P.) Sauf qu’ici le nom – au fil des pages – trace une trajectoire en forme de courbe ou de tir en cloche, un mouvement ascendant et explosif qui débuterait par le constat d’une dépossession (« J’ai su que ce n’était pas mon nom. ») et s’achèverait dans la dissolution, la fragmentation (« le nom vient d’éclater à l’intérieur de la tête. »)



3. Le poème inventerait des façons de fuir

Ce n’est pas tant un livre sur le nom que sur les façons d’en sortir, ou d’y échapper. Alors l’erreur serait double : lire dans ce livre une prose métaphysique et/ou religieuse, et y voir une quête des origines (l’affirmation d’une identité personnelle à travers ladite prose.)

4. Le poème emprunterait au couloir, et mènerait à différentes chambres

Imaginons que le rectangle de la page figure une chambre, une camera obscura dans laquelle s’élabore une intériorité, ou plutôt se fabrique une individuation, un…

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Auteur: dev