« Économistes égarés » pour François Lenglet (LCI, 8 fév.), « dépensiers ataviques » selon Agnès Verdier-Molinié (Les Échos, 15 fév.), « bisounours de la dette perpétuelle » d’après Franz-Olivier Giesbert (Le Point, 4 mars) : voilà quelques-uns des sobriquets dont nos experts médiatiques affublent les partisans d’un non-remboursement de la dette publique contractée pendant la crise sanitaire.
Note : cet article est tiré du dernier numéro de notre revue Médiacritiques, à commander sur boutique en ligne, ou à retrouver en librairie.
Et notamment les 150 économistes qui, dans une tribune au Monde (5 fév.), ont demandé l’annulation des 2 500 milliards d’euros empruntés à la Banque centrale européenne, avant d’être contredits quatre jours plus tard dans l’édito… du Monde (9 fév.) : « C’est à se demander pourquoi personne n’y avait pensé avant. Mais, comme toutes les évidences, l’idée risque de se heurter à la réalité. Sa mise en œuvre pourrait créer plus de désordre qu’elle ne résoudrait de problèmes. »
Si le débat existe donc parmi les économistes, les grands médias en donnent un reflet déformé. En commençant par surexposer les chantres de l’orthodoxie. Le 7 février, la présidente de la BCE Christine Lagarde part en campagne : le matin en Une du JDD, le soir en « invitée exclusive » de BFM-TV. Entre-temps, l’AFP recycle son entretien à l’hebdomadaire : « L’annulation de la dette Covid est “inenvisageable” », placarde-t-on de RTL au Figaro en passant par Ouest-France.
Hébergée en continu par les médias, Agnès Verdier-Molinié est elle aussi sur le pied de guerre. « Annuler la dette Covid ? Cela semble si simple ! Sauf que c’est interdit par les traités européens », sermonne- t-elle dans L’Obs (28 janv.). C’est même une proposition « scandaleuse et mensongère », attaque-t-elle dans Les Échos (15 fév.) « Cet argent n’est ni gratuit ni magique : il faudra payer », tonne-t-elle encore dans FigaroVox (21 fév.). « Qui peut croire que, tous les ans, la BCE va racheter toutes les dettes de la France ? Cela n’a aucun sens ! », insiste-t- elle dans Ouest-France (12 fév.), avant de préconiser son régime habituel : « Passer la vitesse supérieure en matière de réformes structurelles : réforme des retraites, de l’assurance-chômage, des minima sociaux […] et surtout, surtout, remettre le plus rapidement la France au travail. »
Les journalistes « éco » sont également au diapason. Sur…
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Auteur: Pauline Perrenot, Philippe Merlant Acrimed