Deux amours, Rosa et Luxemburg

Robert Delaunay. — « Hélice », 1923.

«J‘ai deux amours, Rosa et Luxemburg » fredonne Paco, en marcel blanc, et tout de même petites lunettes d’intello. Ancien métallo, viré de « la Répa », la réparation navale de Marseille.

Paco, c’est Gérard Giovannangeli dans la vie : entre morceaux de sa propre existence et fiction, il invente un double, un proche. Lui est né dans les années 1950, et s’est trouvé frappé en pleine adolescence par Mai 68. Quand il s’assied dans le salon d’un appartement de la rue Blanqui pour jouer sa pièce, il captive avec son accent marseillais et ses expressions d’ici, placés juste. Rien de trop. Il écoute la radio et rouspète. La traite de menteuse. « Péteux de journalistes ! »

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Photo : Christophe Goby

Puis il nous raconte sa vie passée, son mariage et son logement, sa rencontre avec Rosa à la section syndicale. Son mariage, c’est un rêve marseillais : sur la jetée, avec des sardines et des rougets, comme chez Robert Guédiguian. « On a chanté, Le Drapeau rouge,… La Jeune Garde » — la chanson de Montéhus, mais on pense aussi à la garde armée fondée par Miguel Almereyda, chef des anarchistes et journaliste à La Guerre Sociale, qui se battait avec les Camelots du roi juste avant guerre. Quant à L’Internationale, « c’était la messe pour nous ». Réservée aux manifs ou pour les enterrements. Pour danser, il y a la variété française, puis des tubes américains. C’est mieux pour se divertir que les hymnes martiaux.

Paco sait de quoi il parle car Gérard s’est établi à la Répa pendant son expérience politique. « Mao spontex, j’avais 17 ans au lycée Thiers en 1968 avec Christian Garnier. » Christian Garnier, disparu récemment, était un militant reconnu à Marseille. Une tronche lui aussi, qui est parti rejoindre la classe ouvrière, mais pas au paradis. Gérard c’est un peu ça, un produit de…

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Auteur: Christophe Goby