Deux ans après l'accident à Beyrouth, une explosion en France est-elle possible ?

Tout le monde se souvient avec effroi des images de la double explosion du port de Beyrouth. Nous étions le 4 août 2020, il était un peu plus de 18 h quand, tout à coup, une gigantesque déflagration a retenti dans la capitale libanaise, recouvrant la ville d’un immense nuage de fumée. L’origine de cette double explosion fut vite identifiée : un stock de 2 750 tonnes de nitrate d’ammonium dans l’un des entrepôts du port.

Ce comburant — une matière qui peut facilement provoquer la combustion d’autres éléments — est souvent commercialisé sous forme de nitrate d’ammonium technique, qui sert à fabriquer les explosifs employés dans les mines et les carrières, mais aussi sous forme d’engrais à usage agricole qui, s’ils sont stockés dans de mauvaises conditions ou pris dans un incendie, peuvent induire des explosions très importantes.

Une matière très consommée en France

Une telle catastrophe, qui à l’époque avait causé la mort de 214 personnes et blessé plus de 6 500 autres à Beyrouth, pourrait-elle arriver en France ? La question se pose à plus d’un titre : le pays compte 66 ports de commerces maritimes et plus de 500 ports relevant des collectivités territoriales… et est en outre l’État qui consomme le plus de nitrate d’ammonium agricole (ammonitrate) en Europe de l’Ouest.

De quoi enjoindre les ministères de la Transition écologique et de l’Économie à commander en 2021 un rapport sur les risques liés au transport et au stockage de ces produits, avant que le Sénat ne lance sa propre mission d’information sur « les risques liés au nitrate d’ammonium dans les ports » français.

Le port de Beyrouth après les explosions de 2020. CC bY-SA 4.0 / Mahdi Shojaeian / Mehr News Agency via Wikimedia Commons

Les rapporteurs de cette mission chapeautée par la commission d’aménagement du territoire et du développement durable ont rendu leurs conclusions le 6 juillet dernier. Bilan : la maîtrise de ces risques est aujourd’hui « incomplète ». Certes, le texte rappelle que depuis l’explosion de l’usine AZF à Toulouse en 2001 puis celle d’un hangar agricole à Saint-Romain-en-Jarez en 2003, « aucun incident grave lié à ces produits en France n’est intervenu ».

Mais le rapport souligne également que, concernant les ports, « certaines lacunes sont patentes en matière de prévention des risques liés aux ammonitrates dans notre réglementation », et ce, tant au niveau de leur stockage que de leur transport par voie d’eau. « Dans les secteurs…

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Auteur: Amélie Quentel Reporterre