Deux milliards d'euros en quatre ans : la très chère influence des cabinets de conseil sur la République

C’était une pratique souvent décriée, mais rarement documentée jusqu’à aujourd’hui. Un rapport d’une commission d’enquête du Sénat, réalisé à la demande du Groupe communiste républicain citoyen et écologiste, vient de palier ce manque. Le document de près de 400 pages lève le voile sur ce « phénomène tentaculaire » qu’est l’influence croissante des cabinets de conseil privés sur les politiques publiques. Ils se nomment Boston Consulting Group (BCG), Eurogroup, Capgemini ou encore McKinsey. Depuis plusieurs années, ces entreprises de conseil sont missionnées par différentes administrations publiques, des ministères à Pôle Emploi. On leur demande des taches très diversifiées : cela va d’accompagner une administration sur la transition numérique à l’évaluation de la « stratégie nationale de santé », en passant par l’organisation de consultations citoyennes.

Le tout coûte cher aux caisses publiques. Depuis 2018, les ministres nacronistes ont, selon les calculs du Sénat, dépensé au moins 2,43 milliards d’euros dans ces prestations de conseil, en comptant les prestations de conseil informatique (voir l’infographie). Rien que pendant la crise sanitaire, le ministère des Solidarités et de la Santé a confié 18 commandes au même groupement de cabinets, McKinsey et Accenture, pour un montant total de 16,21 millions d’euros (lire aussi notre article : Covid-19 : ces consultants au cœur de la « défaillance organisée » de l’État). Le tout dans un grand manque de transparence, dénonce le rapport sénatorial : « À ce jour, l’État ne dispose pas d’une vision agrégée suffisamment fiable et qualitative des dépenses de conseil engagées par les ministères et leurs opérateurs. »

Dépenses de conseil de l’État de 2018 à 2021.

Source : Sénat. Commission d’enquête sur l’influence des cabinets de conseil.

En plus, selon le rapport du Sénat, McKinsey, une des plus grandes multinationales du conseil, qui a passé de nombreux contrats avec le gouvernement sur plusieurs réformes majeures du quinquennat (dont la stratégie vaccinale, mais aussi sur la réforme des aides au logement), n’a pas payé d’impôt sur les sociétés en France depuis dix ans. « Le cabinet McKinsey est bien assujetti à l’impôt sur les sociétés (en France mais ses versements s’établissent à zéro euro depuis au moins dix ans, détaille le document sénatorial. Alors que son chiffre d’affaires sur le territoire national atteint 329 millions d’euros en…

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Auteur: Pierre Jequier-Zalc