Les deux poètes assassinés
Même plus la voix pour pleurer
la voix s’est confinée au constat
pourtant il nous le faut : pleurer
les deux poètes assassinés ciblés
à Gaza parce qu’ils s’évertuaient
à fabriquer des poèmes destinés
à leurs voisines et cousins à Gaza
qui les posaient sous leur poitrine
et ce voisinage est perdu partout
même plus la voix mais je cite :
« que nous plantions une rose à
chaque trou de bombe » ce rêve
le rêveur qui avait vingt-sept ans
ciblé par la précision d’une frappe
le voisinage n’a plus aucun seuil
quand les bottes des soldats qui
courent s’écrasent sur les morts
sur le sol de couloirs d’hôpitaux
infirmiers alignés sur le parking
et alentour ce sont les chars qui
font des dattiers un bref brasier
plus de voix mais je cite encore :
« sans dire adieu à personne pas
même à sa chair / pas même » lui
il avait quarante-quatre ans quand
de nuit non pas de trêve non plus
pour les nuits caché chez sa sœur
les chambres de sa sœur au milieu
de l’immeuble soudain cessaient
d’être chambres suie amas béance
villes villages où la rouille se raidit
avec la cendre l’outrage aux corps
avec les siècles sournois des ruines
et même pas la possibilité d’offrir
un verre à peine rempli d’eau tiède
tiède mais sans dépôt de sable sali
offrande pour les survivants enfants
et les errants de Gaza pour leur dire
que leurs poètes interpellent l’avenir.
La première citation est issue de la dernière lettre de Nour El-Din Haggag, la deuxième citation du dernier poème de Refaat Alareer, assassinés le 5, respectivement le 7 décembre 2023 par l’armée israélienne.
Plainte pour une poétesse
Et dans ce pays sans pays où depuis
des décennies les parcelles de sable
rétrécissent la maigreur des mômes
attend une ration de pain les récoltes
en feu après les tirs au phosphore où
on fouille jusqu’aux sacs de fèves là
elle jeune poétesse sera tuée déchirée
par…
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Auteur: dev