Deux visions de l’histoire: derrière les enjeux scientifiques, une lutte idéologique.

Deux historiens sortent relaxés d’un procès en diffamation intenté par P. de Villiers. Cet épisode judiciaire reflète une lutte âpre entre deux visions de l’Histoire qui oppose la discipline scientifique et sa version médiatique réactionnaire portée par S. Bern ou F. Ferrand. Derrière les enjeux scientifiques, la bataille est idéologique et elle interroge sur ce qu’est et ce que peut l’Histoire.

Les historiens W. Blanc et C. Naudin sortent cette semaine d’un procès en diffamation suite à une tribune où ils avaient mis en doute l’authenticité de l’anneau de Jeanne d’Arc racheté par Philippe de Villiers et analysé l’instrumentalisation du mythe de la Pucelle d’Orléans1. Quelques semaines plus tôt, l’historien F. Besson publiait un article sur le site arrêt sur images 2dans lequel il démontait point par point une chronique de F. Ferrand sur Cnews où ce dernier dénonçait les « grandes invasions » des « barbares » comme responsables de la chute de la grande Rome d’Occident.

Une guerre a lieu actuellement entre deux visions de l’histoire avec pour enjeu la conquête de l’espace médiatique.

Les enjeux sont non seulement scientifiques, à savoir la recherche de la vérité en respectant des procédés reconnus, mais aussi politiques, car les auditeurs/spectateurs sont censés « tirer les leçons de l’histoire » comme l’expression commune aime à le dire. L’histoire est une discipline qui nourrit les idéologies et l’action politique et même un passé lointain (les exemples cités plus haut concernent l’histoire médiévale) a une résonance dans le présent.

De quoi nous questionner sur la manière de faire l’histoire de France aujourd’hui et sur les usages publics et politiques de cette discipline scientifique à travers les médias.

La mainmise de l’extrême droite sur l’Histoire dans l’espace médiatique

Portons la focale sur la télévision, média de masse par excellence. Nous viennent de suite à l’esprit Lorant Deutsch et surtout Stephane Bern, royalistes et non-historiens, ce qui pose en soit problème à la fois sur le plan politique et scientifique. Franck Ferrrand, lui, est historien, mais sa contribution au magazine Valeurs Actuelles ne laisse guère de place au doute quant à son positionnement idéologique. Aussi, Eric Zemmour aime à mobiliser l’histoire, revendiquant le titre très englobant d’intellectuel qui lui permet l’impasse sur les diplômes en histoire. Il a ainsi pu s’adonner sans complexe à une réhabilitation de P. Pétain. Les…

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Auteur: Le pré d’à côté