Nous regrettons que le gouvernement ait mis tant de temps à la rédaction du projet de loi, au détriment du débat parlementaire.
Les évolutions que comporte le projet de loi, par rapport à la loi de 2014, ne correspondent pas à la philosophie de son titre, à savoir le « développement solidaire et lutte contre les inégalités mondiales ». La rhétorique utilisée fait croire à la solidarité, mais il n’en est rien. Au contraire, les orientations et mesures envisagées ne font qu’accroître la dépendance des pays concernés, notamment quant aux thématiques et à l’aide publique au développement (APD).
Parmi les changements, apparemment positifs, l’approche du genre en constitue un. Elle n’est plus seulement un objectif thématique, mais elle devient transversale à la politique de solidarité internationale. C’est ce que le projet de loi qualifie de « diplomatie féministe ».
Il en est de même, en ce qui concerne la reconnaissance du rôle des organisations de la société civile dans la politique française de solidarité internationale, la prise en compte des exigences de protection de l’environnement, la reconnaissance du rôle joué par la coopération décentralisée, concrétisée par le doublement de l’aide à l’action extérieure des collectivités locales (article 1er IX), et la création d’une « Commission indépendante d’évaluation de la politique de développement solidaire et de lutte contre les inégalités mondiales placée auprès de la Cour des Comptes » (article 9).
Toutefois, ces évolutions limitées seront freinées, voire annihilées par des orientations plus importantes inscrites dans le projet de loi et d’autres politiques de la France.
Le plus critiquable est la stratégie mondialiste du développement préconisée : « L’insertion progressive des pays en développement dans le commerce mondial constitue une priorité pour la France », bien loin du développement autocentré nécessaire. Une stratégie au surplus mensongère pour les pays de la zone Afrique, Caraïbes et Pacifique (ACP), notamment d’Afrique et pour les Pays les Moins Avancés (PMA), en raison des accords de partenariat économique (APE) conclus par l’Union européenne et de la constitution future d’une Zone de Libre Échange Continentale Africaine (ZLECA). L’accès libre au marché européen de ces pays est compensé par l’obligation de réduire de 80% les droits de douane sur les importations venant de l’UE. Pire encore, le soutien politique et financier de la France et de l’UE à la ZLECA…
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Auteur: Attac France