Devenir parent en temps de pandémie : entre désarroi et bonheur

La grossesse est souvent synonyme de grande joie. Mais certaines femmes enceintes vivent aussi du stress ou de la détresse psychologique. Ces émotions peuvent affecter leur santé et leur bien-être, ainsi que celui de l’enfant en devenir.

La pandémie a exacerbé cette situation, selon diverses études. Ses répercussions sur les femmes enceintes seraient dues, notamment, à la diminution du soutien social, conséquence directe des mesures sanitaires.

Notre équipe intersectorielle de chercheuses associées à la Chaire en santé des familles de l’Université du Québec (RISUQ) réunit des expertises en sociologie, en sciences du mouvement, en psychologie, en anthropologie et en biologie. Notre objectif principal est de mieux comprendre les facteurs protecteurs, comme la capacité d’adaptation au changement et les réseaux familiaux et sociaux, et ceux liés aux vulnérabilités, comme la précarité sociale, auxquelles font face les femmes enceintes et nouvelles mères, afin de mieux identifier les cibles et stratégies d’intervention et de prévention.

La pandémie a impacté les besoins des femmes enceintes

Des données qualitatives et provenant d’organismes communautaires ont souligné les effets délétères de la diminution du soutien social et des contacts physiques pour les femmes enceintes et récemment mères. Ces distanciations sociales ont compliqué en particulier la célébration des différentes étapes associées à l’arrivée d’un nouveau-né, notamment avec les (futurs) grands-parents, la famille élargie ou les amis.

Des analyses préliminaires de l’étude en cours « Résilience et stress périnatal pendant la pandémie » (RESPPA), menée auprès de femmes de différentes régions du Québec, a montré que celles ayant moins de support de leur partenaires avaient des niveaux d’anxiété (générale et en lien avec la grossesse) plus élevés ainsi que plus de symptômes de dépression. Cette étude est unique de par son devis longitudinal (suivi depuis le premier trimestre de la grossesse jusqu’à deux ans postnatal). Elle permettra d’explorer l’évolution de la santé psychologique au cours du temps (et des différentes vagues de la pandémie), et les facteurs qui peuvent modifier ou modérer positivement comme négativement l’effet de la pandémie sur la santé psychologique.

Les habitudes de vie telles que l’activité physique, la nutrition, et le sommeil qui ont un effet particulièrement protecteur pendant la grossesse, ont aussi été négativement affectées par la pandémie. D’autre part, la perte de revenu, la distanciation sociale et l’isolement font partie des facteurs pouvant entraîner une détérioration des saines habitudes de vie et du bien-être. L’étude RESPPA pourra aussi explorer comment les habitudes de vie ont été affectées pendant la pandémie et si elles ont eu un effet protecteur sur le maintien du bien-être.

L’importance d’une grossesse en santé

L’expérience de la grossesse et de la transition vers la parentalité est intimement liée à l’environnement dans lequel vit la femme, ainsi qu’à des facteurs biologiques et génétiques. Selon le concept des origines développementales de la santé et des maladies (DOHaD), l’interaction de ces éléments influence la santé à long terme de la mère et de son enfant. Cette interaction peut être à l’origine de maladies cardiovasculaires, par exemple.

Médecin portant un masque de protection effectuant un dépistage par ultrasons pour une femme enceinte dans une clinique moderne

Étudier comment la femme vit sa grossesse à partir d’une approche intersectorielle permet de fournir des informations complémentaires importantes et une compréhension globale des facteurs protecteurs et de vulnérabilité.
(Shutterstock)

En contexte de pandémie, l’étude du bien-être associé à la transition à la parentalité est cruciale pour mieux comprendre les facteurs associés, entre autres, au bien-être psychologique et à l’adoption ou au maintien d’un mode de vie sain pendant la grossesse. Ces facteurs peuvent notamment avoir un effet positif sur le fonctionnement du placenta, organe essentiel au bien-être de la grossesse et du fœtus.

Nos travaux de recherche sur le placenta apportent ainsi un regard nouveau sur l’impact de la pandémie sur la grossesse et la santé des futures mères et de leur enfant. Ainsi, étudier comment la femme vit sa grossesse à partir d’une approche…

La suite est à lire sur: theconversation.com
Auteur: Stephanie-May Ruchat, professeur en sciences de l’activité physique, Université du Québec à Trois-Rivières (UQTR)