Dialogue sur la fin d'une république

Pour clore 2022, le président a présenté ses vœux télévisés pour 2023. Si les commentateurs peu attentifs ont pu souligner un exercice convenu et sans grand intérêt, nous y avons au contraire décelé un discours de vérité. Ce qu’Emmanuel Macron est venu annoncer aux français, c’est la fin d’une époque, celle de la république.

« Ils cherchent en vain à se purifier avec le sang dont ils sont souillés, comme si on cherchait à se laver avec de la boue après avoir marché dans la boue. »

Héraclite

— Tu l’as pas écouté, toi, le discours de Macron pour le nouvel an ?

— Non, en plus j’étais avec des amis, c’était gênant. Et puis j’avais déjà un peu la gerbe, toutes ces fêtes…

— Remarque, ça t’aurait peut-être purgé.

— C’était purgatif ?

— En vrai un peu, le gars a presque craché le morceau. Il a parlé d’unité, d’engagement, et même de refondation. Il a parlé des résistants, des boomers, et de nous, comme si on se tenait tous par la main à travers le temps, comme une grande famille. Nous, on est « rudement » dans la merde qu’il a dit, mais faut pas se chamailler avec les boomers qui nous y poussent. Unité. La famille quoi.

— La République c’est la famille ?

— Bah justement… J’ai l’impression qu’il ne parle plus de la République. On sent qu’il continue à dire République pour la forme, mais qu’il préfèrerait dire Famille. Les migrants font pas partie de la famille, sauf bien sûr les Ukrainiens qui sont même « admirables », on est fier de la famille. Ceux qui bossent pas comme il faut sont pas très famille famille. D’ailleurs il a beaucoup parlé de travail, de patrie…

— … Travail, Famille, Patrie ?

— Tu trouves que j’exagère ?

— Je te connais, t’as une idée derrière la tête, et c’est pas juste Pétain, si ?

— Tu as raison. Même si la tartine qu’il fait avec les « générations futures » sans préciser le problème…

— … le problème de crever la gueule ouverte entre deux réacteurs en surchauffe, un champ de betteraves connectées et une méga-bassine à sec par un été splendide à l’horizon 2050 ?

— Oui, voilà, eh bien cette manière de parler à vide des « générations futures », ça me fait toujours penser à l’idéologie pétainiste de la régénération. Les Trente Glorieuses ont trop joui, fini l’abondance, les crises que nous vivons sont des épreuves morales (admirons les Ukrainiens), le vrai problème, c’est le nihilisme. Et les jeunes, les bons jeunes (pas…

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Auteur: lundimatin