D'ici 2050, les émissions carbone du numérique pourraient être multipliées par cinq

La numérisation de notre société est incompatible avec nos objectifs de neutralité carbone. Un rapport écrit par l’Ademe — l’Agence de la transition écologique — et l’Arcep — chargé des télécommunications — vient d’être rendu au gouvernement. Il détaille différents scénarios pour 2030 et 2050. Trois sur quatre montrent que l’empreinte du numérique va fortement augmenter.

Pour l’instant, les émissions de CO2 générées par le secteur du numérique représentent 2,5 % de l’empreinte nationale. Soit 17,2 millions de tonnes équivalent CO2 rejeté dans l’atmosphère. 78 % de ces émissions provient de la fabrication des appareils électroniques — les plus polluants étant les téléviseurs et les smartphones. Le reste des émissions vient du stockage des données avec les data centers, ou les réseaux, fixes ou mobiles.

78 % des émissions proviennent de la fabrication des appareils électroniques

Le rapport sonne comme une alerte. « Sans actions pour réduire l’empreinte environnementale du numérique, tous les impacts environnementaux seront en forte croissance en 2030. » Le nombre d’appareil et le trafic des données ne cessent en effet d’augmenter.

Quatre scénarios ont été élaborés : le premier, celui de la « génération frugale », repose sur une sobriété poussée et une écoconception de produits généralisée. C’est le seul qui permettrait de réduire les émissions, mais ce n’est clairement pas la direction prise. Le second, celui de la « coopération territoriale », mise sur l’efficience énergétique et des émissions à 23,1 millions de tonnes de CO2. Le troisième s’appuie sur « les technologies vertes ». Il suit la tendance actuelle qui insiste plus sur les nouvelles technologies que les changements de comportement. Les émissions seraient multipliées par 3 et passeraient à 49,5 millions de tonnes de CO2. Le dernier cas, enfin, adopte une position encore plus technophile. Les émissions y quintupleraient pour passer à plus 80 millions de tonnes de CO2.

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Par ailleurs, l’Ademe et l’Arcep ont aussi rappelé qu’au-delà du CO2, le numérique nécessite nombre de matières premières et minières limitées.

Libération rapporte qu’à la réception du rapport, le ministre de la Transition écologique, Christophe Béchu, aurait affirmé que « l’innovation n’est pas l’ennemi de la décarbonation mais en est un des leviers » en citant pêle-mêle la 5G et les low-tech.

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Auteur: Reporterre