Doit-on punir les décrocheurs de portraits de Macron ? La justice va trancher

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Paris, reportage

La saga judiciaire continue. Le cas des « décrocheurs de portraits d’Emmanuel Macron » était de retour devant la Cour de cassation, mercredi 16 février. Cinq mois plus tôt, la Cour avait redonné de l’espoir aux militants, en affirmant que leur action – le vol d’affiches présidentielles dans des mairies de France pour alerter sur l’inaction climatique du gouvernement – pouvait relever de la liberté d’expression. « C’est une vraie victoire », avait réagi devant les médias, tout sourire, Fanny, une décrocheuse de Lyon.

Mais depuis cet arrêt, les décisions de justice se sont suivies sans se ressembler. Un décrocheur a été relaxé par la cour d’appel d’Amiens en janvier – justement au nom de la liberté d’expression – tandis que cinq autres ont été condamnés par la cour d’appel d’Agen début février. Ils ont toutefois été dispensés de peine.

Des activistes brandissent des portraits décrochés d’Emmanuel Macron à la marche des portraits à Bayonne en 2019. © Pierre-Olivier Chaput/Reporterre

Trois groupes de décrocheurs, venus de Paris, Valence et Strasbourg, s’étaient pourvus en cassation ce 16 février pour dénoncer cette condamnation. Au fond de la salle, serrés les uns contre les autres, ils ont écouté attentivement les plaidoiries. Durant l’audience, il ne s’agissait pas de juger une troisième fois leurs actes, mais de vérifier si leurs condamnations (des amendes allant de 200 à 500 euros avec sursis) étaient conformes à la loi. « Certains tribunaux relaxent, d’autres condamnent, alors que les faits sont quasi-identiques. Il faut préciser votre jurisprudence du 22 septembre dernier », a argué Me Ronald Maman, un des avocats des décrocheurs, devant la plus haute juridiction de l’ordre judiciaire français.

Une prise d’otage symbolique d’Emmanuel Macron

Les deux avocats généraux (les représentants du ministère public) ont estimé pendant l’audience que les précédents jugements des trois groupes de décrocheurs étaient bien conformes à la loi, puisque les juges des cours d’appel avaient procédé à un « contrôle de proportionnalité » entre les faits commis et l’exercice de la liberté d’expression.

Ce n’est pas suffisant, ont rétorqué les défendeurs des militants. « Il faut d’abord que les juges de fond recherchent si l’incrimination du comportement est nécessaire, a réagi Me Paul Mathonnet auprès de Reporterre à la sortie de l’audience. Il ne s’agit pas uniquement de…

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Auteur: Justine Guitton-Boussion (Reporterre) Reporterre