La question de donner une valeur économique à la nature n’est pas nouvelle et a fait l’objet de nombreux débats. Elle reste une problématique singulière dans le cadre des enjeux de soutenabilité. Elle évolue notamment dans une tension entre une sorte de nécessité d’intégration de la nature dans le système économique pour « mieux » la prendre compte et le risque de la marchandiser, de la réduire à un simple bien ou service économique.
Cette question est principalement abordée selon une rationalité économique particulière, devenue dominante, celle de l’économie néoclassique, reposant sur une axiomatique spécifique qui conditionne ainsi la conception de la « réalité » socio-économique. Schématiquement, selon ce point de vue, les agents économiques sont supposés être uniquement des êtres humains, cherchant à maximiser la satisfaction de leurs préférences individuelles.
Les entreprises n’y sont que des fictions, un « nœud de contrats » : seuls existent des actionnaires/propriétaires visant à accroître leurs dividendes en faisant progresser la productivité des actifs exploités. La société non plus n’existe pas réellement et est en fait un « simple » agrégat d’individus. La nature n’y joue qu’un rôle périphérique, instrumentalisé.
Différentes réflexions, en lien notamment avec la Corporate Sustainability Reporting Directive (CSRD), tendent néanmoins à proposer un cadre conceptuel nouveau.
Introduire la nature dans l’économie néoclassique
Un des éléments structurants de l’économie néoclassique est la notion d’équilibre des marchés, vers lequel ceux-ci sont censés tendre en situation de concurrence parfaite. Il existerait ainsi des prix d’équilibre « objectifs ». Le marché, selon cette vision, établit un lien très fort avec la problématique de l’allocation des ressources. Un des plus grands aboutissements de l’économie néoclassique, à savoir…
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Auteur: Alexandre Rambaud, Maître de conférences en comptabilité – Co-responsable de la chaire "Comptabilité écologique" (AgroParisTech, Université Paris-Dauphine, Université de Reims), AgroParisTech – Université Paris-Saclay