D'où vient et où va la Colombie ? — Romain MIGUS

Ce qui se déroule désormais sous nos yeux n’est que le dernier épisode d’une guerre de classe (et devrait-on aussi ajouter de la guerre d’indépendance initiée il y a 200 ans) dont la recrudescence correspond à l’arrivée d’un secteur mafieux dans les arcanes du pouvoir.

Qu’est-ce que l’uribisme ?

L’uribisme est le système mis en place par l’ancien président Alvaro Uribe Velez et une partie de l’oligarchie foncière avant même leur accès au pouvoir en 2002. Ce système est une excroissance narco-mafieuse de la guerre civile qui dévore le pays depuis plusieurs décennies. Originaire d’un secteur de propriétaires ruraux qui s’est développé aux côtés des narcotrafiquants, l’uribisme forme une communauté d’intérêt avec l’oligarchie traditionnelle et la bourgeoisie industrielle tout en préservant un développement autonome.

Élu en 2002 dans le contexte de la guerre civile qui déchire le pays entre l’État colombien épaulé par des milices paramilitaires, et les guérillas des Farcs et de l’Eln, Alvaro Uribe est la figure tutélaire de ce néolibéralisme autoritaire.

Durant 20 ans, la Colombie va vivre au rythme des assassinats sélectifs et des massacres, dans le même temps où le maigre État colombien se voit dépecer de la plupart de ses prérogatives par plusieurs thérapies de chocs successives.

Ce système repose sur plusieurs piliers :
1) Il entretient des liens organiques avec le narcotrafic.
2) Il développe le paramilitarisme et les milices privées pour se maintenir au pouvoir.
3) Il consolide sa domination économique par des appropriations sauvages de terres, et par le développement d’une puissance économique adjacente à celle de l’oligarchie traditionnelle.
4) Il repose en grande partie sur l’économie de guerre.
5) Il est le meilleur promoteur du néolibéralisme dans le pays.

Le système uribiste se fonde sur le développement de l’économie de guerre contre des ennemis intérieurs (guérillas ou leaders sociaux) voire extérieurs (tension militaire récurrente avec le Venezuela, bombardement de l’Équateur en 2008). Une grande partie du budget de l’État est englouti dans les dépenses militaires, privilégiant les achats aux États-Unis qui disposent par ailleurs de sept bases militaires dans le pays. Ce blanc-seing laissé aux industries militaires et à leurs intermédiaires locaux se réalise au détriment des investissements dans les services sociaux de base.

Un autre pilier est la participation du narcotrafic à l’économie réelle du pays. Les…

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Auteur: Romain MIGUS Le grand soir