Du consensus indigné à l’antiracisme politique – Par Ivan Segré

« Le drame de l’Afrique, c’est que l’homme africain n’est pas assez entré dans l’histoire. Le paysan africain, qui depuis des millénaires, vit avec les saisons, dont l’idéal de vie est d’être en harmonie avec la nature, ne connaît que l’éternel recommencement du temps rythmé par la répétition sans fin des mêmes gestes et des mêmes paroles. Dans cet imaginaire où tout recommence toujours, il n’y a de place ni pour l’aventure humaine, ni pour l’idée de progrès. »

Nicolas Sarkosy, Discours de Dakar, juillet 2007

Un article paru dans Valeurs actuelles a imaginé la députée de La France insoumise Danièle Obono en victime de l’infâme Traite dans l’Afrique du XVIIIe siècle, mais d’une Traite dont les maîtres sont Africains et non Européens, « Noirs » et non « Blancs ». Ainsi la militante décoloniale, selon Valeurs actuelles, « expérimente la responsabilité des Africains dans les horreurs de l’esclavage ». La réaction des médias et de la classe politique a été unanime : l’article est « raciste » et à ce titre il est une injure aux valeurs de la République Française et une infraction à la loi.

Il existerait donc en France au sujet du racisme une ligne rouge à ne pas franchir. Le magazine Valeurs actuelles l’a franchie et se voit pointé du doigt, méprisé, minable. Il faut s’en réjouir, sans cependant être naïf : si l’article est paru, c’est parce que la rédaction du magazine d’extrême-droite a estimé que le rapport de force idéologique était favorable, que le « coup » pouvait être gagnant. Et il y aurait à cela notamment deux raisons :

La première, c’est qu’il est en général de bon ton de dénigrer La France insoumise, parti « populiste » dont il importe de disqualifier les prétentions à constituer une alternative de « gauche » aux partis de gouvernement, PS et PR, que la création d’Emmanuel Macron, La République en marche, a…

Auteur : lundimatin
La suite est à lire sur : lundi.am