Du Drill State au patriotisme décolonial

Si notre première chronique de comptoir s’attelait à voir en Dominique De Villepin un Donald Trump version camembert, celle de cette semaine explore les nouvelles hybridations politiques qui animent les réseaux et forcément, notre comptoir. On y évoque la mutation de l’« État profond » à « l’État foré de l’intérieur », le délabrement des rêves de la gauche et les nouvelles fantaisies d’un patriotisme-internationaliste-étatiste-communiste-décolonial pour le frexit. S’assoir au comptoir pour prendre un peu de hauteur.

Du Drill State. Nous entrons dans l’ère du Drill State. L’époque de l’État foré de l’intérieur. Comme à chaque fois, ce n’est pas l’original mais la copie qui transcende sa source.

Hier, la prise de Fiume et le décorum d’un poète ardito-futuriste (Gabriele D’Annunzio) se transmute par pastiche en fascisme nationaliste mussolinien puis, à la suite de la Marche sur Rome d’octobre 1922 et de la prise de l’État bientôt animé d’une « volontà totale », stimule par-delà les frontières la ferveur morbide d’un premier coup raté en Allemagne (1923) qui, dix ans plus tard, donne la tragédie de 1933 – et confère au virilisme méridional la cruauté méticuleuse du germanique.

Aujourd’hui, l’idéologie de l’hindutva et son vœu de Grand Bhârat, appuyé sur sa milice inspirée des fascismes allemands et italiens (le RSS), est un précédent indien nationalitaire du « fascisme continental » (Arendt, Feher) étendu partout : le rachisme – fascisme russe – d’Ilyne et de Douguine, inspiré d’Oswald Spengler, sa quatrième politique eurasiatique poutinophile, la dévoration des greniers à grain et des hommes d’Ukraine, est la mise en pratique des slaves et aryennes (indiennes) velléités grand-continentales.

Et l’Argentine du « Choc » avec Milei est l’esquisse ratée, névrosée, hispanique et votive – pas assez « germanique », pas assez…

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Auteur: dev