Du jogging de cité au bleu d’ouvrier, avoir la classe est une affaire de classe

Il vous est déjà peut-être arrivé, au cours de votre été, de croiser de jeunes cadres dynamiques à la barbe bien taillée porter des bleus de travail d’ouvriers BTP, version chics et raffinés. Le “bleu”, ce vêtement de travail d’une seule pièce, composé d’une veste et d’un pantalon réunis et qui peut être de différentes couleurs, que l’on identifie visuellement le plus souvent en bleu, comme son nom l’indique. On en trouve le plus souvent dans certains quartiers gentrifiés (processus par lequel la population d’un quartier populaire fait place à une classe plus aisée en important aussi son mode de vie et de consommation) de grandes villes à boire des spritz en terrasse telles que Paris, Lyon ou encore Bordeaux. Moi-même je me suis surpris à penser intérieurement, un demi quart de seconde (à peine) : “han, pas mal du tout, ces bleus !”. Peu de temps après avoir pris la mesure dramatique de cette pensée honteuse et refoulée, le bleu est devenu comme une obsession, j’ai commencé à en voir de plus en plus autour de moi, à chaque coin de rue : partout, tout le temps.

La marque française Soubacq fabrique des bleus de travail haute couture : “Chaque semaine, Louise, la fondatrice, déniche les étoffes des grandes maisons de mode pour vous confectionner, au cœur de Paris, un Bleu en série très limitée.” 205 euros le bleu de travail, c’est très limite, pour une tenue portée initialement par des ouvriers payés une misère…

De l’ouvrier BTP au fashionista, il n’y a qu’un pas

“En 1904, une jeune fille de bonne famille, Mademoiselle Soubacq, s’éprend d’un bel ouvrier, et découvre ainsi un nouveau monde. Un monde en bleu de travail qu’elle fait sien, en ajustant, en reprenant, en prenant soin de cet uniforme des travailleurs. Mademoiselle Soubacq finit par se l’approprier en y brodant son nom.” Lorsque l’on consulte leur site web, rubrique “Notre Histoire”, l’appropriation culturelle et symbolique de la bourgeoise sur le prolo y est étonnamment assumée, et rendue légitime grâce à une petite histoire romantique digne de la belle et le clodo.

Et ils ne sont évidemment pas les seuls sur ce marché florissant. La célèbre marque Agnès B surfe également sur cette hype ouvrière, mais également Jean-Paul Gaultier qui à l’occasion de son dernier défilé après 50 ans de carrière, portait un tee-shirt marin et une combinaison bleu de travail “parce que je suis un travailleur, un artisan”, confie t-il à Paris Match. Tellement travailleur…

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Auteur: Rédaction Frustration Mag