Du libéralisme autoritaire – Carl Schmitt & Herman Heller

Grégoire Chamayou avait publié en 2018 à La Fabrique La Société ingouvernable, un livre important qui s’annonçait lui-même comme « Une généalogie du libéralisme autoritaire ».

C’était un gros livre touffu qui tâchait de retracer cette généalogie depuis les années 1960 et surtout 1970, disons, pour résumer : comme la contre-offensive du capital après la vague révolutionnaire qui connut son apogée autour de 1968. Il s’intéressait alors surtout aux stratégies mises en œuvre dans et par les entreprises afin de discipliner les travailleurs et de s’autonomiser par rapport à l’intervention publique, aux lois sociales et de rejeter la responsabilité de leurs « externalités négatives » (pollutions et autres ravages de l’écosystème terrestre) sur les consommateurs, appelés à faire preuve de « responsabilité individuelle ». Le tout afin de maximiser les profits des actionnaires.Toutefois, dans son chapitre 24, intitulé « Aux sources du libéralisme autoritaire », il citait un discours de Carl Schmitt du 23 novembre 1932 devant un parterre de dirigeants économiques allemands comme l’une des principales théorisations de ce qui, jusque-là, aurait pu passer pour un oxymore, le libéralisme ayant souvent été présenté comme un « laisser passer, laisser faire » synonyme de non-intervention étatique dans les affaires du marché tandis que l’autoritarisme, lui, renvoyait plutôt à un État fort et interventionniste, précisément. Le petit volume de Zones récemment paru vient un peu comme une grosse note de bas de page à l’appui de ce chapitre 24. Il s’agit en effet de la traduction de l’allocution schmittienne du 23 novembre 1932, complétée parcelle d’un texte paru en mars 1933, tout à la fois polémique et éclairant,d’Herman Heller, juriste socialiste : « Libéralisme autoritaire ? ». Grégoire Chamayou présente quant à lui le contexte et décrypte le discours de…

Auteur: lundimatin
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