Du raffut contre les frontières

Tous les jours un peu partout dans le monde, des personnes se font barrer la route, arrêter, enfermer, pourchasser, déporter et souvent tuer pour la simple raison de ne pas avoir des papiers en règle. Tout ça se passe près de chez vous. Difficile d’expliquer comment une pratique à ce point cruelle a pu traverser l’histoire de l’humanité pour devenir une banalité reléguée aux oubliettes du quotidien – quand elle n’est pas carrément justifiée. C’est pour s’opposer à cette banalisation de la violence que nous souhaitons organiser un cycle de discussions à propos des frontières : de leur fonctionnement matériel et symbolique, de leur terrible succès, mais aussi de leurs faiblesses qui pourraient s’avérer utiles pour que leur marche quotidienne soit mise en échec. Dans ce sens, on s’intéressera plus particulièrement aux Centres de Rétention Administrative (CRA), au moment où l’État français annonce la création de nouvelles prisons pour sans-papiers. Mais nous aborderons aussi la question du nationalisme, afin de comprendre les rouages de ce sentiment diffus qui participe grandement à légitimer l’existence des frontières.

Au-delà de simples traits sur des cartes, de montagnes, de mers, de douanes et de barbelés, les frontières se trouvent un peu partout, y compris à l’intérieur du territoire national. À regarder attentivement, on les verra sur les quais des gares, aux aéroports, dans les transports en commun, sur les lieux de travail, mais aussi dans les zones d’attente, les guichets de l’OFPRA, les CRA et les prisons… Dans tous ces espaces la frontière se manifeste comme l’organisation concrète d’un tri des êtres humains : entre ceux qui passent et ceux qui ne passent pas. Mais parmi ceux qui sont admis, certains ne le sont que pour un temps, d’autres sont recevables sous certaines conditions, ou bien sont officiellement rejetés mais tolérés, car des secteurs d’activité, économique ou pas, trouvent une utilité à leur présence en état permanent de harcèlement physique et moral. La prolifération des statuts administratifs et symboliques montre que le fonctionnement des frontières ne se contente pas de séparer entre ceux d’ici et ceux de là-bas. Il établit des hiérarchies qui s’inscrivent dans une organisation sociale plus large où chacun de ces statuts trouve une place dans les rapports sociaux existants.

Car la surexploitation à laquelle les autorités administratives livrent les étrangers les plus harcelés, n’est-elle pas un maillon particulièrement…

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Auteur: IAATA