Du rififi au jury du prix Goncourt — Bernard GENSANE, Maxime VIVAS

M’est avis qu’il y aurait comme du rififi au jury du prix Goncourt. Siège dans ce jury la romancière Camille Laurens, qui aime les jurys puisqu’avant le Goncourt elle a fait partie pendant douze ans du Femina. Dans la vie, Camille est la compagne de François Noudelman, l’un des 16 écrivains sélectionnés pour l’emballage final. On évoque donc un conflit d’intérêts.

Il se trouve que j’ai bien connu François Noudelman lorsque, il y a une trentaine d’années, il a été recruté comme maître de conférences de philosophie à l’université de Poitiers. Brillant, et en même temps discret, modeste. Un peu trop turbo-prof, malheureusement. Il a ensuite enseigné comme professeur aux universités de Paris VIII et New York. Il a donné la pleine mesure de son talent comme directeur de la Maison française de l’université de New York et comme producteur à France Culture. Les ouvrages de Noudelman sur la littérature et la philosophie sont traduits dans une douzaine de langues. Je peux vous assurer que ses travaux sur Sartre, que j’ai lus, valent le déplacement.

Mais revenons à ce qui est peut-être, effectivement, un conflit d’intérêts. Lorsque les jurés du Goncourt incluent Noudelman dans la précieuse liste, ils savent qu’ils marchent sur des œufs. Dans le monde de l’édition française, beaucoup de gens connaissent beaucoup de gens qui connaissent beaucoup de gens. Et au milieu de tous ces gens, peuvent couler des flots d’argent nourris et impétueux. J’ai sous les yeux une photo des membres du Goncourt, debout, dans leur restaurant préféré bien connu, avant de passer à table. La moyenne d’âge a peu à envier à celle des Académiciens français. Le président Decoin y siège depuis 26 ans. Le mandarinat dans toute sa splendeur. Les Britanniques ont réglé ce problème : composé pour partie d’universitaires, d’intellectuels, de critiques littéraires, le jury du Prix Booker change tous les ans.

Le président Decoin a balayé les soupçons. « Pas de problème, ils ne sont même pas pacsés ». Tu parles, Didier…

Mais là où le bât blesse vraiment c’est que Camille Laurens a tout récemment consacré, dans Le Monde, un article très critique, pour ne pas dire venimeux, au livre d’Anne Berest, La carte postale, sélectionné également pour le Goncourt. Deuxième hasard, Berest évoque, comme l’ouvrage de Noudelman, la Shoah et la quête de l’identité juive.

Ces attaques n’ont pas plu à Didier Decoin. « Je vous le dis franchement, ça, je n’ai pas aimé du tout, du tout, du…

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Auteur: Bernard GENSANE, Maxime VIVAS Le grand soir