Du XIXe siècle à Zemmour, l'écofascisme contamine le débat politique

[2/2 La menace écofasciste]L’écofascime est déjà une réalité. En Europe comme en France, l’extrême droite s’accapare les fondements de l’écologie pour justifier ses discours identitaires et nationalistes. Qui sont les écofascistes ? Pourquoi se réapproprient-ils l’écologie ? Une alliance avec Éric Zemmour est-elle possible ? Reporterre a mené l’enquête, en deux parties.


L’essor actuel de l’écofascisme découle d’une bataille idéologique, à l’œuvre depuis des décennies, pour imposer ses thèmes de prédilection et rapprocher l’extrême droite de l’écologie. Au sein des milieux écologistes et émancipateurs, on a tendance à minimiser cette lame de fond et à n’y voir qu’un mouvement condamné à la marginalité. On aurait tort. La confusion inédite qui règne aujourd’hui pourrait changer la donne. « Dans le clair-obscur surgissent les monstres », écrivait Antonio Gramsci.

Reporterre revient dans cet article sur trois éléments qui invitent à prendre au sérieux « le péril vert brun » : son corpus idéologique et ses racines profondes, sa porosité avec certains courants de l’écologie politique et enfin la candidature d’Éric Zemmour, qui pourrait parvenir à opérer la jonction entre le mouvement fasciste traditionnel et ses nouvelles composantes.

En premier lieu, il faut rappeler que le fascisme et l’écologie ont souvent cultivé des liaisons dangereuses. « Dans l’histoire, l’écologie n’a pas forcément été synonyme d’émancipation, elle contient aussi en elle les germes d’une pensée profondément réactionnaire avec l’éloge d’une nature jugée immuable, le contrôle de la natalité ou le rejet des minorités », dit à Reporterre l’historien Stéphane François.

« Écofascisme » est une expression inventée par Pentti Linkola, un écrivain finlandais qui prônait la désindustrialisation, l’immigration zéro et la réduction de la population pour protéger la planète. L’auteur, mort en 2020, qualifiait la démocratie de « religion de la mort » et défendait la mise en place de mesures autoritaires pour maintenir la vie humaine sur Terre.

Une histoire ancienne

La pensée écofasciste est le fruit d’un bricolage idéologique qui trouve ses fondements dès le XIXe siècle. Elle reprend à son compte les analyses de l’économiste Thomas Malthus, qui faisait de la surpopulation la principale cause du problème écologique. Ce dernier préconisait une régulation volontaire des naissances, notamment au sein des classes populaires, et…

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Auteur: Gaspard d’Allens (Reporterre) Reporterre