D'un extrême à l'autre

Dimanche 20 novembre 2022, deux événements ont marqué l’actualité, deux événements que rien ne raccordait sinon la tranchante antinomie qu’ils mettent en lumière, comme par hasard.

Ce fut d’une part le jour d’ouverture de la coupe du monde de football 2022 au Qatar, cette comédie d’une obscénité sans fond.

Ce fut d’autre part le jour de l’annonce du décès de Jean-Marie Straub, l’auteur, avec sa compagne Danièle Huillet, d’une œuvre cinématographique dont la singularité éthique et artistique est sans commune mesure avec ce que le mot « cinéma » véhicule dans l’imaginaire capitaliste.

D’un côté de la balance, le mondial au Qatar, une comédie obscène, donc, celle du mondialisme capitaliste, à savoir 200 milliards de dollars consacrés à la jouissance narcissique des rentiers du gaz et des constructeurs de stades inutiles, les uns et les autres souverainement esclavagistes.

De l’autre côté de la balance, la disparition de Jean-Marie Straub, le saint homme du cinéma contemporain qui, d’un regard, pouvait réduire la grasse vanité des maîtres du monde en un tas d’os pourris.

Aussi, quelle étrange, quelle merveilleuse coïncidence en ce dimanche 20 novembre 2022 ! Comme si tout était dit. Du moins pour ceux qui savent.

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Les stars du football professionnel n’en font décidément pas partie, de ceux qui savent. Après avoir exprimé quelques velléités de manifester publiquement, lors de cette coupe du monde, un soupçon de contestation, comme le fait de porter un timide brassard aux couleurs arc-en-ciel, ils sont rapidement rentrés dans l’ordre, la FIFA, l’instance mafieuse du football mondial, ayant expliqué à ses ouailles que la politique devait rester en dehors des stades, c’est-à-dire dans les bureaux de la FIFA, voire dans les salons de l’Elysée.

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Le 23 novembre 2010, Michel Platini était invité à déjeuner à l’Elysée. Il y retrouvait le président en exercice, Nicolas Sarkozy, l’émir du Qatar, Tamin ben Hamad Al Thani, accompagné de son premier ministre, ainsi, semble-t-il, que Claude Guéant. L’enjeu était d’échanger, de manière informelle, sur la pluie et le beau temps. Certains disent qu’il fut aussi question de l’organisation de la coupe du monde 2022 : si seulement Platini pouvait militer en faveur du Qatar et convaincre ses amis au sein de l’instance dirigeante du football mondial, alors, dans le cadre d’un échange de bons procédés, le Qatar pourrait racheter le Paris Saint-Germain, détenu par Sébastien Bazin, président du…

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Auteur: lundimatin