D'un geste virtuose

À l’heure où l’État se recroqueville sur la lettre de la loi et met à mort, ce faisant, l’esprit de la loi, à l’heure où la Police manifeste matériellement, c’est-à-dire par la violence, que l’État vit séparé de la société comme il vit séparé de l’esprit de la loi, il n’est pas mauvais de prendre la fuite. Non pas ailleurs, mais ici. Où l’on ne nous attend pas. Pour cette fuite à l’intérieur (et non plus face à, ni devant), quelques gestes doivent être appris, ou mieux : ré-appris. D’autres, désappris, ou réhabités. C’est de cette réincorporation nécessaire que nous parle la destitution, en quoi elle montre son actualité toujours aussi vive.

I

Partons de l’élément de compréhension le plus simple, l’article de Julien Coupat et d’Éric Hazan, paru à Libération le 24 janvier 2016, et intitulé Pour un processus destituant : invitation au voyage.

Le constat est simple : la politique telle que nous la concevons dans le mode du suffrage universel et de tout l’appareillage concomitant, est morte là où elle est née, en Grèce, avec Alexis Tsipras et sa soumission (qui n’est pas ici formulée) aux exigences insanes de l’ « Europe » et du FMI. La campagne (tous partis confondus) pour l’élection qui s’annonce alors en France (en 2016) voulait nous faire accroire qu’il n’en est pas ainsi, que nous avons entre les mains un pouvoir constituant (avec les primaires, etc.) qui nous donnerait, nous citoyens, l’occasion de transformer le réel politique. Coupat et Hazan, lucides, comme la suite de l’histoire l’a prouvé, proposent une autre lecture de l’instant, une autre saisie de l’occasion (du kaïros diraient les Grecs), une saisie paradoxale en manière de dessaisissement  : c’est au contraire le moment d’inaugurer un « processus destituant » de « tous les aspects de l’existence présente », « pan par pan ». Citons :

Il y a à ramener sur terre et…

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Auteur: dev