Eau : le gouvernement ouvre les vannes pour l'agriculture intensive

Après sept mois de travail à marche forcée, les conclusions du « Varenne agricole de l’eau et de l’adaptation au changement climatique » ont été présentées le 1er février au ministère de l’Agriculture. Les annonces ont confirmé les craintes de nombreuses organisations et observateurs : ce chantier, voulu par Emmanuel Macron, va surtout faciliter l’irrigation. C’est une forte demande de l’agriculture productiviste. « L’accès à la ressource en eau doit évoluer pour dégager de nouvelles ressources pour les usages agricoles », a affirmé le Premier ministre, Jean Castex, lors de son intervention. Il a présenté plusieurs mesures destinées à appuyer la construction de retenues d’eau.

Jean Castex a en particulier annoncé donner le pouvoir au préfet de décider des volumes d’eau prélevables en hiver, remettant ainsi en question un décret de juin 2021. En jeu : permettre de prélever dans les nappes ou les cours d’eau en hiver, quand l’eau est plus abondante, pour remplir des réservoirs qui seront utilisés pendant les périodes sèches. Cette décision ignore les nombreuses questions écologiques que soulèvent ces prélèvements hivernaux. L’Office français de la biodiversité (OFB) doit remettre une étude d’impact sur les prélèvements d’eau en hiver fin 2022.

Un discours qui va « renforcer les conflits localement »

« Les décisions restent dans le même sens, extraire toujours plus, impacter toujours plus l’environnement, en faisant croire que cela permettra une sécurisation de l’accès à l’eau, déplore l’hydroclimatologue Florence Habets, membre du Conseil scientifique de l’OFB. Cela aidera à passer les petites variabilités, et nous rendra plus vulnérables aux grandes. »

Autre pouvoir donné aux préfets, la possibilité de mettre fin aux concertations dans le cadre des projets de territoire pour la gestion de l’eau (PTGE). Le gouvernement répond à une demande des chambres d’agriculture d’accélérer l’adoption des nouvelles retenues d’eau et fragilise ainsi l’instruction des PTGE, qui date seulement de 2019. « L’idée des PTGE est qu’avant de construire de nouveaux ouvrages, il faut un diagnostic partagé sur les besoins réels et sur ce que le milieu peut fournir. Une concertation qui prend du temps, d’autant plus s’il y a des conflits d’usage », regrette Alexis Guilpart, de France Nature Environnement (FNE).

Plus largement, ce dernier craint que le discours global du Varenne de l’eau, qui présente cette ressource comme « un…

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Auteur: Magali Reinert Reporterre