Éboueurs et égoutiers : « Quand on fait grève, ça se sent tout de suite »

Ivry-sur-Seine (Val-de-Marne), reportage

Assis sous une tente déchirée par le vent, David Sénéchal a le regard déterminé. En cette matinée du 9 mars, l’éboueur commence son quatrième jour d’occupation à l’incinérateur d’Ivry-sur-Seine, site stratégique de traitement des déchets de la capitale, contre la réforme des retraites. Impossible pour le fonctionnaire de 49 ans d’imaginer travailler après 60 ans. Après vingt années de métier, son corps est déjà fatigué : « À force de porter des bacs et de monter-descendre-monter du camion-benne, j’ai une hernie inguinale », dit le syndiqué à la CGT en tirant sur sa cigarette.

Autour de lui ont été érigées trois grandes tentes, accueillant un dortoir et deux réfectoires. Un camp de fortune pour tenir jour et nuit, le plus longtemps possible, malgré « les pertes de salaires », « les nuits glaciales » et le régime alimentaire « à base de merguez ». Derrière ce décor, la grande cheminée ne recrache pas son habituelle fumée blanche.

« On est un secteur qui peut avoir beaucoup d’impact »

En temps normal, l’usine d’Ivry brûle quotidiennement 5 000 tonnes d’ordures ménagères. Bloquer les accès à l’incinérateur est donc stratégique, selon la CGT FTDNEEA (Filière traitement des déchets nettoiement eau égouts assainissement). Car quand éboueurs, égoutiers, chauffeurs de camions-bennes et agents de propreté cessent toute activité, « ça se voit et ça se sent tout de suite », sourit Christophe Farinet, le secrétaire général adjoint.

De fait, avec une moyenne de 60 % du personnel mobilisé, selon le syndicaliste, les poubelles débordent à Paris. Il n’y a quasiment plus personne pour ramasser, trier ou traiter. Ainsi, près de 1 600 tonnes d’ordures gisent toujours sur les trottoirs des XXe, XIVe, Ve, VIe, XIIe et IIe arrondissements. But de l’opération : faire pression sur le gouvernement, aux côtés des secteurs du transport et de l’énergie, et peser de tout leur poids dans la grève générale menée par l’intersyndicale. « On est un secteur qui peut avoir beaucoup d’impact », rappelle Christophe Farinet.

À l’intérieur des cafés, ce jeudi, il n’est d’ailleurs pas rare d’entendre les Parisiens se plaindre « du problème des poubelles ». Mais les critiques ne durent jamais trop longtemps. Devant l’incinérateur, nombreux sont venus afficher leur soutien. « Il faut qu’on soit solidaire, ça nous concerne tous, disent Vanessa et Aline, toutes deux professeures au collège d’Ivry et très remontées contre la réforme. Eux qui travaillent dans des conditions très physiques, dehors, on les fait mourir au travail. »

Chauffeurs de camions-bennes, égoutiers, éboueurs,…

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Auteur: Nina Guérineau de Lamérie, NnoMan Cadoret Reporterre