La grève des éboueurs de la ville de Paris, menée et reconduite face à la réforme des retraites, a permis d’attirer l’attention sur la pénibilité d’un métier qui met la santé à l’épreuve, a un impact négatif sur l’espérance de vie et condamne, lors du départ à la retraite, à la modestie des pensions perçues et à la vulnérabilité des corps usés par un travail qui concentre la plupart des contraintes qui caractérisent le monde subalterne – ouvrier et employé – d’aujourd’hui.
En effet, comme le soulignent plusieurs études, aux contraintes de temps et physiques s’ajoutent des formes plus insidieuses mais parfois lourdes de souffrance morale, psychique ou identitaire notamment liées aux relations avec les usagers-riverains, en dépit des satisfactions (sociabilités, reconnaissance, dons, étrennes, etc.) que celles-ci offrent par ailleurs.
Ces contraintes relationnelles indiquent et actualisent concrètement, lors des interactions avec le public (riverains, automobilistes, commerçants, etc.), le processus de stigmatisation et de disqualification sociale dont les éboueurs font l’objet. L’exercice du métier conduit notamment à faire régulièrement l’expérience de la déconsidération et du mépris.
Au-delà des pénibilités physiques : faire face au mépris
Les agents doivent souvent apprendre à se défaire du regard des autres et du poids des stigmates associés à leur métier, toujours ancrés dans l’imaginaire collectif (échec scolaire, « travail d’immigrés » occupé faute de mieux, etc.).
Ils sont également confrontés à l’invisibilisation et à l’indifférence structurelle qui les assignent au statut de non-personne dans l’espace public (« Tu existes pas pour les gens », « Tu fais partie du décor »). Ces situations quotidiennement éprouvées entretiennent et renforcent un sentiment de dévalorisation déjà existant lié à l’exercice d’un « sale boulot »…
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Auteur: Hugo Bret, Sociologue – chercheur associé au CERLIS, Université Paris Cité