Échos

Le son d’un réveil qui pousse à bout chaque enfant, chaque adulte, chaque esclave du spectacle

Le son d’une bombe artisanale s’apprêtant à faire entendre sa détonation

Le son du cardioscope collé contre un cœur, faible, malade, névrosé

Le son d’un téléphone qui nous rappelle à l’ordre, fin d’une rêverie

Le son d’une alarme dans un bâtiment propre et soigné, en feu, la déflagration passée

Le son des portes du RER qui bientôt se fermeront pour asphyxier les occupants des exigus wagons

Le son du répondeur du fixe de ma grand-mère qui se déclenche et qui hurlera, dans quelques instants, que Jacqueline est tristement morte seule dans une chambre aux murs délavés et à l’odeur de détergent

Le son des boutons d’appel d’un ascenseur gris, dans une grande tour de béton morne, rempli de gens tristes, attendant la fin de cette éternité sans saveur

Le son de la voiture, de cet homme ridicule, qui se ferme, brillante et écrasante

Le son du robot-tondeuse-électrique-autonome qui s’arrête dans son socle étincelant après avoir aspiré quelques scarabées dans la pelouse verte électrique, affolante de laideur

Le son du compte à rebours qui m’indique que bientôt la vie sera tellement hideuse qu’il faudra me brûler

Le son assourdissant dans les oreilles quand j’ai collé ma tête aux enceintes pour ne plus rien entendre, ne plus rien sentir, que la musique, puis le silence

Le son d’un engin de chantier jaune reculant de quelques mètres avant de raser le dernier jardin de notre ville, d’un trait net, tout est mort

Le son d’un four à micro-ondes réchauffant le plat emballé de plastique et de carton acheté il y a plusieurs jours dans un magasin terne d’une rue bruyante où, pourtant, chacun purge seul son existence endormie

Le son cinglant d’une jolie mélodie, ÉCHOS

Le son de l’alarme anti-intrusion, anti-étranger, anti-squatteur, anti-malfrat, anti-cambriolage, anti-indésirables alors que…

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Auteur: dev