Échos du Black Power et lutte des classes en France. Entretien avec Sylvain Pattieu

Dans son dernier livre, Panthères et pirates (La Découverte, 2022), Sylvain Pattieu retrace le parcours de Jean et Melvin McNair, deux pirates de l’air africains-américains, des États-Unis, en pleine guerre du Vietnam et en lutte contre la ségrégation raciale, à l’Algérie indépendante, jusqu’aux prisons françaises et leur engagement social auprès des populations paupérisées de Caen. Depuis une focale resserrée sur la micro-histoire de ce couple de militant-es, l’historien déploie, au sein d’un ouvrage historique dense, une histoire transnationale à la croisée des enjeux des luttes sociales, antiracistes et anti-impérialistes.

Contretemps – Dans ce livre d’histoire, tu retraces le parcours de Jean et Melvin McNair et plus largement des « 4 de Fleury » (avec George Brown et Joyce Tillerson) des années 1970 jusqu’à nos jours. C’est le second ouvrage que tu consacres à ce couple et leurs compagnons. Il vient en effet après un roman titré Nous avons arpenté des chemins caillouteux (Plein jour, 2017).

Pourquoi as-tu souhaité revenir sur ce sujet, mais cette fois-ci à partir de ta casquette d’historien ? Doit-on penser ce livre comme un complément, une extension de ton premier travail ou comme un espace dissocié qui s’adresse à un autre public ?

Sylvain Pattieu – Ce sont deux livres très différents. J’avais l’impression de ne pas être allé au bout de cette histoire, je pouvais encore creuser. De fait, j’ai considérablement élargi les archives sur lesquelles j’ai travaillé : pour le premier livre, j’avais seulement consulté celles du procès, pour Panthères et pirates je suis allé voir celles du ministère de la Justice, de l’Intérieur, ainsi que les archives départementales du Calvados car Jean et Melvin McNair ont finalement passé la majeure partie de leur vie dans un quartier populaire de Caen. J’ai beaucoup travaillé sur les archives de l’avocat des pirates de l’air, Jean-Jacques de Felice, conservés dans ce centre d’archives si important qu’est La Contemporaine [ex BDIC], à Nanterre. J’ai aussi fait de nombreux entretiens et, par ailleurs, je me suis plongé dans toute une littérature concernant le Black Panther Party inédite en français.

Outre tout ce travail supplémentaire, la démarche n’est pas du tout la même entre mes deux livres. Pour le premier, il s’agissait d’un texte littéraire, même s’il s’appuyait sur des sources historiques. Alors que Panthères et pirates est un vrai livre de sciences sociales. Dans un cas, la…

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Auteur: redaction