Écoanxiété : ces jeunes racontent le mal qui les ronge

[1/3 L’écoanxiété, le mal de l’époque] L’angoisse liée à la crise climatique porte désormais un nom : l’écoanxiété. Comment les jeunes vivent-ils en s’attendant au pire ? Pourquoi l’écoanxiété est-elle devenue un outil au service du pouvoir ? Comment les émotions peuvent-elles devenir une arme politique ? Enquête en trois parties.

Partie 2 — Écoanxiété : « On veut soigner les individus, mais c’est le système qui est malade »


Elles s’appellent Marina, Maëlle, Léna, Isaura, Gingko, Pousse, Néreide et Agnès. Âgées de 15 à 24 ans, elles disent à Reporterre le mal profond qui ronge leur jeunesse et malmène leur génération. Ces jeunes femmes se disent « écoanxieuses », angoissées par les catastrophes environnementales et terrifiées à l’idée de ce qu’est en train de devenir notre monde, saturé de plastique et de pollutions. Elles ne sont pas les seules à partager cet effroi. Selon une vaste étude de la revue The Lancet, menée dans dix pays et auprès de 10 000 jeunes, plus de 50 % d’entre eux affirment « se sentir tristes, anxieux et en colère » face à la crise climatique. Au-delà des statistiques, nous avons voulu mettre des visages sur ce phénomène et entendre ce que ces jeunes avaient à nous dire.

Léna, Gingko, Marina et les autres personnes que nous avons interrogées sont lycéennes ou étudiantes. Elles vivent au chevet d’une planète abîmée et doivent affronter le déni de leurs proches et l’inaction des gouvernants. Aucune n’arrive à se projeter dans l’avenir. « Ce n’est pas normal de vivre ça à notre âge et je ne veux pas qu’on l’oublie », accuse Isaura, 16 ans. La crise écologique n’est pas seulement affaire de chiffres, de courbes ou de données scientifiques mais aussi d’émotions. C’est une expérience existentielle, un bouleversement intime, le sentiment d’une impuissance.

On s’interdit trop souvent d’en parler. On peine à se confier, à se montrer vulnérable. Cela explique aussi sûrement pourquoi Reporterre a eu du mal à trouver des garçons prêts à se livrer. On s’obstine à paraître de marbre même si le sol se dérobe sous nos pieds. Mais les émotions que charrie la crise écologique ne doivent plus être un tabou. Et les personnes affectées par ce chagrin ne doivent pas être pathologisées ou infantilisées. Ce n’est pas la jeunesse qui est malade, c’est la société, enfermée dans ses dogmes productivistes et capitalistes.

Pousse, 19 ans « Je pleure notre inaction »

« Je suis…

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Auteur: Gaspard d’Allens (Reporterre) Reporterre