Écoanxiété, quand les émotions deviennent énergie collective

[3/3 L’écoanxiété, le mal de l’époque] L’angoisse liée à la crise climatique a désormais un nom : l’écoanxiété. Comment les jeunes vivent-ils en s’attendant au pire ? Pourquoi l’écoanxiété est-elle devenue un outil au service du pouvoir ? Comment les émotions peuvent-elles devenir une arme politique ? Enquête en trois parties.

Partie 1 — Écoanxiété : ces jeunes racontent le mal qui les rongent

Partie 2 — Écoanxiété : « On veut soigner les individus, mais c’est le système qui est malade »


Comment traduire politiquement les affects créés par la crise climatique ? Comment faire de nos émotions une boussole et un portail ouvert sur le monde ? Ces questions sont aujourd’hui incontournables, alors qu’une partie de plus en plus importante de la population se dit touchée par l’angoisse, la peur et la colère. « À l’heure de l’Anthropocène, les gens se mettent à pleurer. De plus en plus », écrit le chercheur Romain Noël dans un très beau texte, dans lequel il appelle à cultiver « l’art des larmes ». À quelle condition ces sentiments qui nous affectent et nous rongent peuvent-ils se transformer en force et libérer notre pouvoir d’agir ?

Le mouvement écologiste chemine sur une ligne de crête. Il doit éviter plusieurs écueils : Il serait d’abord illusoire de penser qu’à notre époque — alors que nous sommes sous perfusion d’informations anxiogènes — l’on pourrait simplement se couper de ses émotions, les marginaliser et les ignorer. Une idée de la politique, froide et purement cérébrale, a vécu. À l’inverse, il serait sans doute tout aussi vain de se contenter de rechercher son bien-être psychique et mental.

À la fin des années 1970, l’historien Christopher Lasch avait déjà analysé cette dérive possible : « La catastrophe qui menace, devenue une préoccupation quotidienne, est si banale et familière que personne ne prête plus guère attention aux moyens de l’éviter, écrivait-il. Les gens s’intéressent plutôt à des stratégies de survie, à des mesures destinées à prolonger leur propre existence ou à des programmes qui garantissent bonne santé et paix de l’esprit. […] N’ayant pas l’espoir d’améliorer leur vie de manière significative, les gens se sont convaincus que ce qui comptait était d’améliorer leur psychisme. »

Politique et culture du soin sont désormais indissociables. « Un mouvement qui ne prendrait pas soin psychiquement de ses militants est voué à l’échec, juge la sociologue…

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Auteur: Gaspard d’Allens (Reporterre) Reporterre