Écoféminisme, désertion, écologie décoloniale… ces penseurs d'une nouvelle écologie

« Techno-solutionnisme », « conflictualité », « extractivisme », « imaginaires », « écoféminisme matérialiste »… Les 21 et 22 octobre, des dizaines de chercheuses et chercheurs ont participé aux Rencontres des nouvelles pensées de l’écologie, rendez-vous organisé par le collectif L’Instant d’après avec Reporterre. Quelles sont ces nouvelles pensées de l’écologie ? Elles et ils répondent. D’autres intervenants répondent dans un second article.

Corinne Morel Darleux : « Les imaginaires sont essentiels »

En quoi les imaginaires sont-ils essentiels aujourd’hui ? « La fiction relève d’un “moment perspectiviste”, au sens décrit par Philippe Descola et Alessandro Pignocchi. Par le biais de la fiction, on peut changer de perspective, se mettre à la place d’un autre, et expérimenter des choses que l’on ne peut pas expérimenter dans la vraie vie. C’est l’un des grands pouvoirs du romanesque et de la fiction : les seules limites sont celles de notre imagination, tout est possible. Par exemple, on peut tout à coup faire advenir un certain type de société, on peut faire parler des objets inanimés si le cœur nous en dit…

Cela permet de bousculer les normes, les conventions, les évidences, tout en créant une forme de trouble. Mais comme le dit la philosophe Donna Haraway dans son texte Staying with the Trouble (Duke University Press, 2016), ce trouble, il va falloir apprendre à vivre avec. Et pour ce faire, la fiction et l’imaginaire apportent une très grande liberté et une très grande puissance qui n’ont pas encore été suffisamment explorées. »

Antoine Chopot : « Penser le communisme du vivant »

Qu’est-ce que le « communisme du vivant » ? « Il s’agit d’une expression forgée par Paul Guillibert dans son livre Terre et Capital (Amsterdam, 2022). Avec Léna Balaud, dans notre livre Nous ne sommes pas seuls (Seuil, 2021), nous avons aussi créé le terme de “communisme interspécifique”, c’est-à-dire entre espèces. Le vieux motif du communisme est de penser le monde comme constitué de relations, de communs, qu’il s’agit de défendre face à leur accaparement par la classe dominante capitaliste. Son actualisation écologique est donc le communisme du vivant, avec l’idée que les humains ne sont pas les seuls acteurs à qui on fait violence. Il y a une continuité de violences entre les humains et les non-humains dans le monde — sachant que celui-ci est engendré non seulement par les humains qui travaillent, les chômeurs, etc., mais…

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Auteur: Reporterre