École à distance : « Les enfants des milieux populaires seront perdants, et ne seront pas les seuls »

« Une réussite. » C’est ainsi que le ministre de l’Éducation, Jean-Michel Blanquer, a qualifié l’enseignement à distance peu avant la fin du confinement. La réalité vécue à hauteur d’enseignant, et d’élève, était moins idyllique… « Certains de mes étudiants étaient dans leur salle de bain pour les visioconférences, parce que c’était la seule pièce calme de la maison, rapporte Guillaume Sabin, enseignant en sociologie à l’université de Rennes I.

D’autres n’avaient pas de connexion et écoutaient les cours via le téléphone qu’un ami posait près de son ordinateur. » Dans les quartiers populaires, certains enfants n’avaient qu’un smartphone pour trois, ou quatre, et pas d’imprimante.

Des inégalités abyssales

« J’ai aidé deux lycéens scolarisés dans un lycée professionnel, rapporte Véronique Decker, enseignante à la retraite et ancienne directrice d’une école dans un quartier populaire de Seine-Saint-Denis (93). Le professeur de menuiserie leur envoyait des plans de 17 pages qu’il était absolument impossible de lire et de comprendre sur un écran de téléphone. »

Matériel numérique défectueux ou inexistant, espaces insuffisants et peu confortables, absence d’adultes compétents pour épauler les élèves : une proportion non négligeable d’élèves ont décroché pendant cette période de confinement – 4 %, soit 500 000 élèves, selon le ministre de l’Éducation, qui concède que cette moyenne cache d’importantes disparités.

« L’usage massif du numérique a mis en évidence les inégalités qui sévissent habituellement dans la société, et qui sont, un peu, amoindries par l’école, pense Véronique Decker. Il y a plus de différences entre un gamin seul face à…

Auteur : Nolwenn Weiler
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