Ecole numérique et classe inversée : deux Virus de Troie du libéralisme scolaire — Nico HIRTT

Une large coalition d’experts auto-proclamés, de pédagogues aventureux et d’économistes bien-pensants a profité de la crise du Coronavirus et de la fermeture subséquente des écoles pour avancer deux pièces maîtresses du libéralisme sur l’échiquier des débats scolaires : l’école numérique et la « classe inversée ». Dans cet article, nous analysons ces deux stratégies sous trois angles : celui de la transmission du savoir, celui des inégalités scolaires et celui du contexte économique sous-jacent à cette offensive.

Cet article est une version légèrement retravaillée d’une video-conférence assurée le 30 juin 2020 par l’auteur, à l’initiative du Parti de la Gauche Européenne (PGE).

Sur le terrain, le confinement résultant de la COVID-19 a permis aux professeurs de constater, dans leur grande majorité, ce qu’ils pressentaient depuis longtemps : l’enseignement à distance et l’auto-apprentissage à domicile, notamment via les technologies digitales de communication, ne peuvent être, au mieux, que des pis-aller imposés par des circonstances exceptionnelles ou un complément occasionnel à l’enseignement « présentiel ». Les immenses efforts consentis par beaucoup d’entre eux pour maintenir une relation pédagogique avec leurs élèves, que ce soit par mail, par visioconférence ou au moyen d’une plate-forme dédiée au e-learning, n’auront en effet pas empêché la rupture du lien social, l’avalanche de décrochages et le creusement des inégalités sociales.

Selon les partisans de l’école numérique, la responsabilité de ce triste bilan serait à chercher dans le manque de moyens informatiques dont disposent les établissements et dans le déficit de formation à l’usage correct de ces technologies par les enseignants. Pour ces défenseurs d’une prétendue « modernité éducative », il fallait profiter pleinement de la crise pour « veiller à ce que toutes les écoles participent à (un) mouvement général de transformation pédagogique vers un enseignement à distance de qualité ». [1] Paraphrasant Henri IV, ils promettent que, si Dieu le permet, ils veilleront à ce qu’il n’y ait point d’enfant d’ouvrier en notre école capitaliste qui n’ait PC ou tablette sur son banc. [2]

Classe inversée

Le confinement a aussi donné un coup de pouce à une autre doctrine à la mode : celle de la « classe inversée » ou « pédagogie inversée ». Une autre ? Pas vraiment, car une symbiose naturelle semble s’être développée entre cette pédagogie et les…

La suite est à lire sur: www.legrandsoir.info
Auteur: Nico HIRTT Le grand soir