Écolo et antiraciste : derrière les fourneaux de la cuisine afrovégane

Paris, reportage

À Paris, le restaurant L’embuscade est devenu l’un des ambassadeurs de l’afrovéganisme. En contrebas du quartier Pigalle, cette rhumerie capverdienne ouverte depuis vingt-quatre ans propose depuis plus de deux ans une cuisine végétale concoctée par la cheffe anglonigériane Phoebe Dunn. « La cuisine, c’est toujours politique. La gastronomie touche aux notions de transmission, d’héritage culturel, à l’histoire des peuples et des individus, explique à Reporterre celle qui est végane depuis trois ans. L’afrovéganisme, c’est une manière de proposer d’autres récits autour de la cuisine originaire d’Afrique. C’est aussi un pied de nez à l’aura de supériorité qui entoure la nourriture française. À travers mes plats, je veux pouvoir décoloniser nos visions de la gastronomie et redonner aux afrodescendants la fierté de leurs origines. »

Car l’afrovéganisme a une longue histoire. Émeline Pierre est chargée de cours à l’Université de Montréal et spécialiste des food studies — l’étude du fait alimentaire. Ces dernières années, son travail l’a amenée à se pencher de près sur les racines du mouvement : « On retrouve les premières traces d’afrovéganisme en tant que courant idéologique dès les années 1915 aux États-Unis dans les églises adventistes, puis, dans les années 1930 en Jamaïque, au sein de la communauté rastafari. Pour les populations afro-américaines, l’enjeu était de réhabiliter des traditions culinaires qui ont peu à peu disparu avec la colonisation du continent africain et la traite des esclaves. »

Saka saka (un plat à base de feuilles de manioc) et carottes rôties, par la cheffe Phoebe Dunn.

Si l’agrovéganisme a largement creusé son sillon aux États-Unis, au Canada ou au Royaume-Uni, il gagne aujourd’hui en visibilité en France. Dès 2016, après un voyage au Brésil et aux États-Unis, la cheffe Gloria Kabe, native du Val-d’Oise, a entrepris de le populariser. « Aux États-Unis, il y a une véritable prise de conscience des dangers de la nourriture transformée, à laquelle les communautés noires sont particulièrement exposées, dit-elle. L’afrovéganisme incarne un retour aux sources vers des produits santé, qui constituent une partie intégrante de l’héritage culinaire africain : racines, feuilles, légumes, graines, etc. Alors que la cuisine africaine est souvent réduite à un continent et quatre pays, je cherche à travers mes plats à redonner aux différentes diasporas une cuisine à laquelle le plus…

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Auteur: Reporterre