Écologie et féminisme, même combat

Paris, reportage

L’encre des slogans dégouline des pancartes. Les cartons mouillés pendent mollement des bras des militantes de cette journée internationale de lutte pour les droits des femmes. La pluie, qu’on attendait avec impatience depuis des semaines, a abondamment arrosé le cortège du 8 mars, sans pour autant décourager la foule. Près de 70 000 personnes ont défilé entre les places de la République et de la Nation, à Paris, selon les organisatrices (15 000 personnes selon la préfecture).

Dans le cortège, six écologistes ont expliqué à Reporterre les liens, forts, entre féminisme et protection de l’environnement.

Salma Lamqaddam : « Dans les pays du Sud, des collectifs d’ouvrières du textile tentent de se mobiliser »

« Au Nord, sapé.e.s comme jamais, au Sud, exploitées comme jamais. » Cette banderole orne le stand de l’ONG ActionAid sur la place de la République. Une façon de rappeler que nos vêtements sont issus de l’exploitation des femmes des pays du Sud. L’industrie du textile se trouve en effet au croisement de plusieurs luttes : le droit du travail, le droit des femmes, les dominations coloniales et la question écologique. Un sujet que Salma Lamqaddam, chargée de campagne chez ActionAid, souhaite faire émerger à l’occasion des dix ans de l’effondrement du Rana Plaza, une usine textile au Bangladesh, le 10 avril prochain. « Les multinationales agissent en totale impunité dans le monde entier. Face à elles, des collectifs d’ouvrières tentent de se mobiliser. Par exemple, au Bangladesh, elles ont réussi à doubler leur salaire, mais cela reste encore insuffisant pour vivre dignement. »

Marine Calmet : « La domination des femmes, celle de la nature… C’est la même logique d’appropriation »

La pluie battante qui s’est abattue sur le cortège n’a pas vraiment dépaysé Marine Calmet. La juriste en droit de l’environnement rentre tout juste de Guyane, où la sécheresse n’est pas d’actualité. Elle a travaillé notamment sur les questions de sauvegarde de la biodiversité. Le gouvernement tente de prolonger une dérogation permettant de transformer les arbres de la forêt amazonienne en biomasse — pour produire de l’énergie. « En Guyane, les élus sont des hommes qui portent les projets miniers. Ils ne conçoivent même pas le problème éthique de couper un arbre plus vieux que leurs arrière-grands-parents. D’ailleurs, ce sont ces hommes qui expliquent ensuite aux femmes autochtones, en première ligne pour défendre la nature, que tout va bien se passer », soupire l’avocate.

Pour elle, le lien entre violences faites aux femmes et à la nature apparaît comme une évidence. « Cela relève d’une vision dominatrice commune. Les mêmes…

La suite est à lire sur: reporterre.net
Auteur: Laury-Anne Cholez Reporterre