Ecologie : une histoire de méthode

Au lieu de rapporter l’inécologie à un déficit d’application de la connaissance, voire à un déni de connaissance, la gnoséosophie propose d’attaquer la racine épistémique de la crise écologique. Mais sachant que la mise en cause de la science peut se révéler inefficace (puisqu’après la critique, tout tend à rentrer dans l’ordre), elle s’inquiète de proposer une autre façon de connaitre. Autrement dit elle s’efforce d’imaginer une méthode écologique de production de connaissances à partir de l’épistémologie dominante.

1- Les histoires qu’ils se racontent

Les rapports du GIEC (1990, 1995, 2001, 2007, 2014, 2022) visent à établir une expertise collective sur le changement climatique. Ce travail de synthèse des connaissances permet de mettre de l’ordre dans le chaos des évaluations partielles et de dégager une vision globale à partir des éléments qui font consensus. Il autorise aussi une vision prospective : les rapports consistent à faire des prévisions et permettent d’anticiper les conséquences du changement climatique selon différents scénarios (réchauffement de 1,5 ou 2 ou 4 °C).

Mais ce que nous savons désormais, c’est que ces rapports ne changent pas grand-chose : les opinions publiques ne mettent pas constamment la pression sur les décideurs, les décideurs n’infléchissent pas les politiques publiques. Voilà pourquoi les scientifiques, conscients et dépités de l’insuffisance des bilans clairs et des prévisions alarmantes, essaient de prendre les choses en main. Leur 6e rapport incite en effet à l’action : alors que le premier volet (août 2021) présentait le changement climatique et le second (février 2022) les conséquences sur les sociétés et les écosystèmes, celui d’avril dernier propose des solutions pour atténuer ce changement. Et dans la presse, les experts en tous genre soulignent que le futur est là, que les conséquences sont palpables, et que les politiques en sont comptables.

Prémisse révolutionnaire ? Une vraie contestation est certes en cours : la tribune du 20 février 2020 dans Le Monde stipulait que « face à la crise écologique, la rébellion est nécessaire », l’appel du 18 juin 2021 invitait à rejoindre les « soulèvements de la terre » pour pallier « les carences fautives des décideurs ». Et aujourd’hui, le ton se durcit : en février, dans une tribune à France info, 1 400 scientifiques (certains du GIEC ou du Haut Conseil pour le climat) exigent des candidats à la présidentielle qu’ils exposent leurs…

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Auteur: lundimatin