Économie de guerre : de quoi parle-t-on ?

Les gouvernements et les populations européennes avaient entériné avec la fin de la guerre froide, puis l’effondrement du mur de Berlin, une vision pacifiée de leur continent, tout au moins en termes de conflits armés se déroulant ou affectant leurs territoires. Depuis les années 2000, les conflits s’intensifient – mais ils sont généralement considérés comme étant « ailleurs » sur la planète. Le terrorisme s’incruste, mais il ne s’agit pas d’une déclaration de guerre frontale d’État à État. Ce n’est pas une guerre conventionnelle.

À l’inverse des États-Unis ou de la Chine, les pays européens ont réduit leur budget militaire,de manière d’ailleurs drastique depuis la fin des années 1990, et/ou fait évoluer leurs armées vers des armées de réserve. La population n’est plus formée, car ce type de dépense est considérée comme stérile, inutile. Le conflit russo-ukrainien a mis à mal ces certitudes. Puis, avec l’accentuation des tensions entre la Russie et l’OTAN, Emmanuel Macron, le président français, notamment, a clairement décrété que nous étions en économie de guerre. L’expression a été très reprise et médiatisée. Mais que recouvre-t-elle précisément ?

L’économie de guerre peut être abordée sous un angle restrictif. Dans ce cas, l’expression désigne la capacité à accroître la production, d’armes notamment. C’est cette conception qui est aujourd’hui promue en France puisqu’il s’agit de :

« remettre la capacité à produire au cœur de nos préoccupations » : face au conflit lancé par la Russie en Ukraine, l’industrie de défense française est entrée depuis plusieurs mois en « économie de guerre ». L’objectif : être capable d’assurer un effort dans la durée en cas de nécessité pour nos armées ou au profit d’un partenaire », écrit le ministère de la Défense sur son site Internet.

Cette annonce française est à mettre en…

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Auteur: Sandrine Ansart, Professeur associé, Grenoble École de Management (GEM)