Écrire, lutter, aimer « dans la tempête qui souffle sur l'univers »

Sous la forme d’un conte, cette biographie de l’écrivain haïtien, Jacques-Stephen Alexis, nourrie de large extraits de ses romans, revient sur le parcours, l’écriture, la lutte de cette figure attachante que le dictateur François Duvalier, « Papa Doc » fit disparaître. Nous reste ses pages et sa mémoire. Et ses vœux « à tous ceux qui souffrent, luttent, espèrent et croient toujours ».

On fête cette année le centenaire de l’anniversaire d’une figure emblématique de la littérature haïtienne : Jacques-Stephen Alexis (1922-1961). L’auteur de Compère Général Soleil (Gallimard, 1955) fut également médecin, militant communiste et théoricien du « Réalisme merveilleux ». Ce sont ces diverses facettes que Michel Séonnet explore dans ce livre, originellement publié il y a près de quarante ans, et qui s’inscrivait dans le cadre d’un programme d’Armand Gatti autour des poètes assassinés.

Séonnet a écrit Jacques Stephen ALEXIS ou le voyage vers la lune de la belle amour humaine sans avoir jamais été en Haïti, « envoûté » par le sujet, recourant à une forme traditionnelle, celle du conte, empruntant nombre d’extraits de romans de l’auteur, et s’appuyant sur le témoignage de Gérald Bloncourt (1926-2018), peintre et photographe haïtien, ami d’Alexis. Sous cette forme proche de l’oralité, le parcours de l’écrivain s’offre ainsi à nous par le biais de multiples voix et « entrées ».

Écrivain militant

Son premier roman, en 1955, Compère Général Soleil, plaça d’emblée la littérature haïtienne sur la scène littéraire mondiale. Il prolonge l’œuvre désormais classique de son compatriote et ami, également communiste, Jacques Roumain (1907-1944), Gouverneurs de la Rosée, tout en innovant radicalement. Jacques-Stephen Alexis se lie aux poètes cubains, Nicolas Guillen et Alejo Carpentier, et, en France, où il poursuit ses études et écrit ses livres, il rencontre, entre autres, Louis Aragon et les écrivains de la Négritude, Aimé Césaire et Léopold Sédar Senghor.

Ses livres sont de magnifiques histoires d’amour – entre Hilarion et Claire-Heureuse, Gonaïbo et Harmonise, El Caucho et la Niña Estrellita –, où le merveilleux dispute le quotidien au réalisme le plus sombre. Des histoires où, le plus souvent, c’est la femme, survivant à la tragédie, qui dessine la chance d’un avenir bouleversé. Ce sont aussi des livres d’éducation – on a parlé d’un « onirisme didactique » –, mais qui échappent à la lourdeur moralisante et…

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Auteur: lundimatin