EDF, la machine à broyer (suite) : la vie comme sur un fil

Arnaud est le deuxième salarié avec lequel j’ai été en contact pour mener
cette enquête sur le harcèlement moral à EDF. D’abord un coup de téléphone,
puis une visioconférence, qui a duré 2h30. Arnaud est un gars bien, avec
lequel il est facile de devenir ami. Le courant est immédiatement passé, le
tutoiement était naturel, comme si nous nous connaissions depuis des années.

Depuis, nous nous appelons régulièrement.

« Son avocate nous a demandé de ne pas publier son témoignage… »

A l’époque de ces premiers contacts (fin janvier), Arnaud n’allait pas trop
mal. Il attendait la finalisation d’une proposition qui allait lui permettre
de sortir enfin de son enfer. Avec l’espoir de s’en sortir. Arnaud était
prêt à témoigner à visage découvert mais l’avocate qui s’occupe de son
dossier au pénal, maître Christelle Mazza, nous a demandé de ne pas publier
son témoignage. Pour ne pas polluer l’enquête en cours, a-t-elle expliqué.
Ce que j’ai accepté.

Depuis plusieurs semaines, Arnaud va mal. L’offre qu’il attendait ne s’est
finalement pas concrétisée, EDF se cachant derrière de faux prétextes pour
la retirer. Une séance éprouvante chez un psy l’a par ailleurs profondément
déstabilisé, début avril. Il a aussi appris que la plupart de ses harceleurs
chez EDF venaient d’obtenir de flatteuses promotions. En sortant de chez son
médecin, Arnaud m’a appelé, désespéré. J’ai craint le pire.

Cédric, un homme puissant

J’ai contacté Cédric Lewandowski, le directeur exécutif en charge du parc
nucléaire et thermique, pour l’alerter sur la situation d’Arnaud, et lui
dire l’urgence de trouver une solution. Je connais Cédric Lewandowski depuis
une bonne vingtaine d’années. A l’époque, j’étais journaliste à La Tribune,
en charge des industries aérospatiales et de défense, et lui l’ombre de
François Roussely, le directeur de cabinet du ministre de la Défense.

Cédric a ensuite suivi François Roussely, toujours, quand ce dernier a été
nommé PDG d’EDF par Lionel Jospin, en juin 1998. Il y est resté jusqu’en
2012, date à laquelle il est devenu le très puissant et redouté directeur de
cabinet du ministre de la Défense, Jean-Yves Le Drian.

Quand Emmanuel Macron a été élu président de la République, son patron a été
envoyé au quai d’Orsay, siège du ministère des Affaires étrangères. Cédric,
lui, n’a pas suivi. Il a été renvoyé chez EDF : trop puissant, trop
inquiétant, trop proche…

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Auteur: Blast info