Editorial des bulletins d'entreprise – Le profit et la concurrence compromettent la lutte contre la pandémie

Les semaines passent, et la perspective de voir vacciner l’ensemble de la population, ou ne serait-ce que les personnes les plus à risque, s’éloigne. En un mois et demi, près de trois millions de personnes ont reçu au moins une dose de vaccin. À ce rythme, il faudrait deux ans pour vacciner la moitié de la population du pays !

Mais ce qui se passe dans le reste du monde est tout aussi inquiétant. Les trois quarts des doses vaccinales disponibles sont déployées dans seulement dix États, les plus riches de la planète. Les pays les plus pauvres ne sont pas seulement en retard sur les autres, ils sont, dans la plupart des cas, dans l’impossibilité d’accéder aux vaccins du fait de leur prix prohibitif. En Afrique, l’écrasante majorité des pays n’ont pas commencé à vacciner.

Comme toujours dans cette société, les plus riches sont les premiers servis. C’est vrai dans un pays riche comme la France où les plus aisés réussissent plus facilement à trouver un créneau de vaccination. Mais ça l’est surtout entre les pays riches et les pays pauvres. C’est révoltant et inacceptable.

Il ne s’agit pas seulement d’éthique et de solidarité internationale. C’est une question d’efficacité car nous ne sortirons de cette pandémie qu’à l’échelle de l’humanité. Le combat contre le virus ne peut être gagné tant qu’il subsiste ne serait-ce qu’un seul foyer épidémique incontrôlé quelque part dans le monde. On en a l’illustration avec ce qui se passe au Brésil ou en Afrique du sud, où plusieurs variants ont fait leur apparition et menacent la campagne mondiale de vaccination.

Mettre sous cloche un pays, l’isoler du reste de la planète, est illusoire dans notre monde de circulations et d’échanges permanents. Abandonner les pays pauvres à leur sort est abject et stupide. Et on peut en dire autant du nationalisme vaccinal !

La guerre commerciale entre capitalistes et les rivalités internationales poussent à mépriser et ignorer les vaccins découverts en Chine, en Russie ou à Cuba. Elles poussent chaque pays à vouloir son propre vaccin pour favoriser son champion national. Et aujourd’hui elles les poussent à se concurrencer pour passer commande et être servis en premier. C’est d’une bêtise sans nom. Ce nationalisme vaccinal freine la lutte contre la pandémie. Il ne peut que se retourner contre tout le monde !

« Sans une action internationale rapide, efficace et solidaire, nous prenons le risque que le virus nous échappe », a récemment affirmé Macron. Même un libéral comme…

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Auteur: Lutte ouvrière