Editorial des bulletins d'entreprise – Les bastilles qui restent à prendre

Le décès d’Élisabeth II a éclipsé les autres informations. Chaînes de télévision, journaux, responsables politiques, artistes et experts en tout genre surenchérissent dans un hommage planétaire. 230 ans après la Révolution française, l’abolition de la monarchie et des privilèges, nous voilà sommés de manifester intérêt, respect et admiration à la Couronne britannique.

Chez beaucoup d’entre nous, ce cirque royal déclenche des envies de nouvelle révolution. Eh bien, souhaitons que cette envie soit contagieuse !

Le Royaume-Uni a décrété un deuil national de dix jours. Toute la vie sociale est au ralenti. Des spectacles et des matchs de foot sont annulés. Le peuple est appelé à saluer le convoi funéraire qui traverse le pays.

Alors que les travailleurs britanniques sont engagés dans un bras de fer pour que les salaires suivent la flambée des prix, les chefs syndicaux, ont annulé les grèves prévues cette semaine. Les salariés assommés par les factures ahurissantes de gaz et d’électricité sont censés attendre et rendre hommage à la reine !

Voilà à quoi sert la monarchie britannique : saouler le peuple avec des histoires de princesses et de rois pour qu’il ne s’occupe pas de ses propres affaires ! Exalter le chauvinisme et le respect de la tradition pour préserver l’ordre social avec ses injustices, ses inégalités et ses horreurs.

Pendant 70 ans, Elisabeth II a incarné l’Empire britannique. Elle a régné sur des centaines de millions d’hommes et de femmes à travers le monde, exploités, opprimés, voire massacrés lors des révoltes coloniales qu’ils menèrent contre la tutelle anglaise. La reine n’y était pour rien ? Mais si ! Elle était la garante morale de sa continuité et de sa perpétuation. Même si elle n’a servi que de décorum, elle a contribué à faire accepter leur condition aux opprimés.

« La reine incarnait l’unité nationale », entend-on. Oui, l’unité où le petit peuple doit s’agenouiller au passage de nantis couronnés ! L’unité qui fait que les uns vivent en parasites sur les autres ! L’unité où la coiffeuse, le postier ou l’ouvrier intérimaire sont censés honorer ceux qui se transmettent titres, gloire, domaines et millions de père en fille ou en fils. Y-a-t-il seulement un seul membre de la famille royale qui connaisse le prix du pain ou du gaz ? Pas sûr !

Les antimonarchistes britanniques dénoncent le coût de la monarchie pour le contribuable. Mais comme elle est, elle-même, devenue une attraction touristique, digne de la Tour…

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Auteur: Lutte ouvrière