Effondrement de la biodiversité : l'État attaqué en justice

« Nous attaquons l’État pour manquement à ses obligations de protection de la biodiversité. » C’est par ces mots que Julie Pecheur, directrice du plaidoyer à Pollinis, a annoncé le recours déposé par Pollinis, Notre affaire à tous, l’Aspas, Anper-TOS et Biodiversité sous nos pieds au tribunal administratif de Paris, lundi 10 janvier.

Par cette démarche, première du genre dans le monde entier et qui s’inscrit dans la continuité de l’Affaire du siècle pour le climat, les associations visent le système français d’évaluation et d’autorisation de mise sur le marché des pesticides. « Beaucoup de substances sont attaquées en France et dans d’autres pays européens, a expliqué Chloé Gerbier, juriste pour Notre affaire à tous. Avec ce recours, il s’agit d’arrêter d’essayer de boucher les trous de la passoire et de prendre le problème des pesticides dans sa globalité en remettant en cause toutes les autorisations des pesticides d’un coup. »

L’objectif est d’enrayer l’effondrement en cours de la biodiversité en général et des insectes pollinisateurs en particulier. « Depuis quelques années, des études de plus en plus nombreuses constatent une diminution significative et continue des populations d’insecte et de toute la biodiversité en général partout dans le monde, a rappelé Julie Pecheur. Les chercheurs désignent presque toujours l’usage désormais immodéré et systématique des pesticides comme cause majeure de cet effondrement. » 40 % des espèces d’insectes sont ainsi en déclin et près du tiers sont menacées d’extinction dans le monde. Or, « ce sont les insectes, les abeilles sauvages, les papillons qui fécondent toutes les plantes à fleurs de la planète et 80 % de nos cultures en Europe. Nous parlons de notre sécurité alimentaire », a alerté la directrice du plaidoyer de Pollinis.

Des failles dans l’évaluation

Actuellement, l’autorisation de mise sur le marché d’une nouvelle molécule se déroule en deux temps. « La substance active est évaluée au niveau européen par l’Autorité européenne de sécurité des aliments (Efsa) puis définitivement approuvée par le Comité permanent des…

La suite est à lire sur: reporterre.net
Auteur: Émilie Massemin (Reporterre) Reporterre