Effondrement, résistance et solidarité au Liban [2/2]

Le constat que vous avez dressé jusqu’ici est tout de même assez désespérant [Voir la première partie de l’entretien.]. J’aimerais savoir s’il reste tout de même de la contestation. Est-ce qu’il y a des courants, des élans de solidarité ? Il y a aussi un élément que nous n’avons pas encore évoqué, la présence d’un million de Syriens dans le pays. Est-ce qu’il y a des impacts négatifs dans le sens que des gens se tourneraient davantage contre eux ? Est-ce qu’il y a des réseaux de solidarité qui restent ? Il y a encore un autre aspect qui m’intéresse. C’est complètement différent mais on a vu avec la Biélorussie qu’il y a une opposition qui se crée dans plusieurs pays voisins et qui se met sérieusement en place pour renverser le régime. Avec toutes ces personnes qui partent du Liban est-ce qu’on peut dire qu’il y a une nouvelle diaspora, ou une diaspora renforcée par les départs assez massifs ce dernier temps et que ces gens-là s’organisent, se mettent ensemble et essaient de créer des forces pour l’avenir ? Ou est-ce que c’est plutôt le désespoir de gens qui n’imaginent plus pouvoir faire quelque chose au Liban ? Jean  : La diaspora a joué un rôle historique au Liban. Surtout économique : comme je le disais, on « exporte » surtout de la main d’œuvre diplômée. Après, ces gens-là vont investir de l’argent au Liban via des placements ou des aides à leurs familles ou des projets qu’ils mènent. C’est le schéma classique, qui a duré pendant des années, et notamment depuis les années d’après-guerre en 90’s.

Les gens qui ont quitté le pays il y a un an, après le 4 août, s’organisent à l’étranger. Il y a un rôle énorme qui va commencer à se jouer. On parle de milliers de personnes, dont une grande partie des gens qui étaient mobilisés dans la rue en 2019. Il y a bien sûr quelque chose d’intéressant qui est en train de se jouer à ce niveau-là. Ça reste cependant une diaspora qui est très dépendante de ce qui se passe sur le terrain, et se contente de soutenir financièrement ou médiatiquement tout ce que se joue sur place. Ce n’est pas une diaspora dont l’action politique à l’étranger pèse sur le paysage politique sur le terrain, comme par exemple la diaspora de l’opposition syrienne ou même palestinienne.

Je suppose qu’à l’avenir, le rôle politique de la diaspora Libanaise ne va pas se limiter à des comités de soutien pour leurs camarades à Beyrouth. Ils vont probablement trouver une façon de réinventer leur…

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Auteur: lundimatin