Effondrement, résistance et solidarité au Liban

« Il faut en finir avec ce régime meurtrier »

Bonjour à vous deux et merci de nous accorder du temps pour cet entretien. Avant toute chose, pouvez-vous vous présenter ? Serge Harfouche  : Je m’appelle Serge, je suis originaire d’un village proche de Tripoli, mais j’ai grandi dans la ville. J’ai fait des études de psychologie, de lettres, j’ai été libraire à Beyrouth pendant longtemps, et je suis engagé dans la lutte depuis toujours. Mes parents n’étaient pas politisés, ils sont d’une classe moyenne qui a tracé sa voie sans faire de vague et qui se retrouve niquée. Mon père est mort en 2020, il s’est quand même fait baiser par le régime.

Depuis que je suis en âge de manifester, j’ai été impliqué dans tous les mouvements de contestation du régime au Liban. En 2011, c’était un petit mouvement étudiant contre le système confessionnel. En 2015 c’était la crise des déchets à Beyrouth, avec 2 à 3 mois de grosses manifestations où on s’est fait réprimer à fond. Et en 2019, je me suis jeté corps et âme dans la révolution, c’était un des plus beaux moments de ma vie.

Depuis 4 ans je fais partie du collectif Buzuruna Juzuruna qui veut dire « nos graines sont nos racines ». Notre activité principale est la semence paysanne et nous sommes aussi une ferme école très impliquée dans la transmission des pratiques agro-écologiques pour une transition de l’agriculture dite conventionnelle à une agriculture beaucoup plus environnementale et axée sur la protection de notre patrimoine naturel mondial. Avec la semence paysanne notre but est de récupérer, reproduire et préserver toutes les variétés endémiques de la région – les céréales et quelques légumes aussi.

Nous sommes très impliqués dans la vie politique alternative au Liban et nous essayons autant que possible de soutenir tous les collectifs nés après la révolution de 2019 au Liban. Le collectif a été créé par des agriculteurs et des ingénieurs agronomes syriens, libanais et français. En ce moment il regroupe 18 adultes et 27 enfants. Une belle partie de l’équipe est composée d’exilés syriens qui ont trouvé refuge au Liban. La ferme est dans la plaine de la Bekaa, proche du village de Saadnayel, à côté de la ville de Zahle. Nous sommes donc à 50 à 60 km de Beirut et 30 à 40 km de Damas.

Jean Kassir  : Mégaphone a été créé en 2017, juste après le herak de 2015, le plus grand mouvement de protestation avant le soulèvement populaire qui a commencé le 17 octobre 2019. A l’époque c’était…

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Auteur: lundimatin