Elections présidentielles au Brésil [2]

Au Brésil, le vote est obligatoire pour tous les citoyens âgés de 18 à 70 ans. Ce dimanche 02 octobre, c’est donc plus de 150 millions de personnes qui vont participer au scrutin. Après vous avoir présenté il y a deux semaines un album Panini des candidats à l’élection de 2018, cet article propose cette fois d’analyser comment, après quatre années du mandat de Jair Bolsonaro, la situation politique du pays illustre l’impasse d’une pensée du « sauvetage de la démocratie ».

Il ne sera jamais redondant de dire que l’élection « démocratique » de Bolsonaro en 2018 est une rupture inédite dans l’histoire du Brésil. Au moment où plus de 50 millions de personnes votent pour quelqu’un qui n’a jamais caché que son intention était de détruire l’intégralité du système politique du pays, c’est qu’il n’y a plus de retour en arrière possible. Plusieurs analystes insistent sur le fait que les gens furent trompés, que Bolsonaro a menti, etc. Cela ne rend pas compte de la réalité. En l’occurrence, les mensonges et fake news, pourtant très nombreux, sont secondaires. Comme le dit bien la sociologue Silvia Viana, la population ne supportait plus sa vie et a pris une décision radicale, suicidaire. Le vote pour le « Capitan » fut avant tout un vote de rupture purement destructrice : c’est fini ! « Acabou » !

Notre hypothèse est que l’opinion communément répandue autour de la nécessité de « sauver le système démocratique Brésilien » a interdit la pensée. La foi aveugle dans le retour de Lula qui s’est répandue partout au pays pendant quatre ans, a empêché qu’une véritable opposition au gouvernement apparaisse. Les autochtones situés « à la frontière de l’accumulation » et massacrés comme jamais auparavant se sont retrouvés encore plus isolés. D’un point de vue pratique comme intellectuel, il est urgent de sortir du consensus qui s’est installé partout et qui frappe avec force la gauche du pays — en dehors du pays ce consensus est aussi dominant. Le fait que depuis l’élection du « Capitan » toute la gauche ait continué à jouer le jeu institutionnel, comme s’il s’agissait d’un fait divers passager, renforce ce constat. Ce consensus prend notamment la forme d’une insistance à défendre à n’importe à quel prix le système démocratique qui serait menacé par le maintien de Bolsonaro à la présidence. Il part de la dénégation que la montée au pouvoir du président ne fut pas une chose isolée. C’est la matérialisation…

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Auteur: lundimatin