Élodie Vercken, de la recherche à la résistance

[Série 4/4] Vous lisez la série « Crise écologique : la révolte des scientifiques ». La suite est ici.


Paris (Île-de-France), reportage

Elle porte un gilet orange fluo au-dessus de sa blouse blanche. Une tenue surprenante pour une directrice de recherche à l’Institut national de recherche pour l’agriculture, l’alimentation et l’environnement (Inrae). Qui en dit long sur la détonante Élodie Vercken, 42 ans, à la fois scientifique chevronnée et activiste rebelle.

La première fois que nous la rencontrons, c’est au beau milieu d’une action de désobéissance civile, début mars, au Jardin des plantes, dans le Ve arrondissement de Paris. Silencieux, visages fermés, les Scientifiques en rébellion, un collectif de chercheurs en lutte contre l’inaction écologique, étaient venus rendre hommage aux populations d’insectes décimées par les pesticides et l’agriculture intensive. Un combat qui « résonne fort » chez Élodie Vercken, écharpe bleue enroulée autour du cou. C’est ce qu’elle nous chuchote, en marge du cortège. On la sent émue, mais pas que. Il y a une autre lueur dans ses iris couleur noisette : de la révolte.

Il faut dire que ces petites bêtes qui s’effondrent sont pour elles des compagnes du quotidien. Depuis treize ans, Élodie Vercken est chercheuse en écologie à l’Université de Sophia Antipolis de Nice où elle étudie « les dynamiques des populations introduites ». En d’autres termes « les comportements des insectes qui “ravagent” les cultures agricoles, et celles qui pourraient, au contraire, les protéger ». De sa position, le drame est très palpable : « Notre objet de recherche, la nature, est en train de disparaître sous nos yeux. En tant que scientifiques, nous n’avons plus d’autre choix que de nous mettre en rébellion. »

« Hypersensibilité écologique »

À quel moment a-t-elle décidé de sortir de son laboratoire pour se muer en porte-parole du vivant en péril ? Pour le comprendre, rendez-vous est donné dans un café du Ve arrondissement de Paris. En rembobinant la cassette, on comprend qu’en réalité, les insectes l’ont piquée depuis sa tendre enfance. Le décor : Massy (Essonne), en banlieue parisienne. Un milieu urbain où les vers de terre s’épanouissaient tout de même au pied des arbres et qu’elle allait ramasser avec ses « copains » : « On avait monté un petit club naturaliste. On prenait des notes sur tout ce qu’on trouvait, c’était très mignon », se remémore-t-elle, en souriant. Quand elle y repense, sa voie était « toute tracée ».

Ce souvenir en appelle un autre, désagréable cette fois. Un jour, son grand frère lui a parlé du trou dans la couche d’ozone. Elle n’avait pas dix ans….

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Auteur: Alexandre-Reza Kokabi Reporterre