Éloge à Colette

Il y a peu, dans le demi amphi le plus célèbre de France, un député du Rassemblement National beuglait « retourne en Afrique » à l’attention de son collègue noir. Certains esprits fins et humanistes tinrent à en débattre : il manquait un « qu’ils », le député ne s’adressaient qu’aux noirs pris aux pièges sur la méditerranée et ne visait donc pas directement son collègue élu et accidentellement noir lui aussi. Pain au chocolat ou chocolatine, les céréales avant le lait ou le lait avant les céréales, tout l’intérêt de ces pinailleries aura été de permettre à chacun de faire passer son message à ceux qui l’entendent : le racisme décomplexé pour les uns, l’indignation bon marché pour les autres. Les 89 députés d’extrême droite élus à l’assemblée sont bien 89 et bien d’extrême droite. Soit. Depuis le fauteuil d’une bibliothèque universitaire, un livre de Colette Guillaumin en main, un sandwich triangle dans l’autre, Dimitri M’Bama nous propose ici d’élever le débat en analysant rationellement l’idéologie raciste : premièrement, le racisme doit être compris comme une idéologie, produit de la rencontre de la science et du capital. Ensuite, la structure du racisme est fondamentalement irréelle, la race n’existe pas. Par contre, nous sommes tous racistes. Et donc, « il faut nous débarrasser de cette merde ». Bonne lecture.

4 novembre 2022. Après quatre ans de doctorat et deux ans de pandémie, la vie universitaire m’emmerde profondément. État d’esprit que tout thésard est condamné à expérimenter : une conviction soudaine que la Recherche est inutile, que les conférences ne servent à rien, qu’il n’y a virtuellement plus aucune différence entre l’éducation et l’entreprise. Et ne parlons même pas de la lente transformation des « intellectuels » en bureaucrates de la pensée – ou, comme le disait je-ne-sais-plus-qui, en tautologues organisés, car cela nous mènerait à enclencher une critique enflammée de la division du travail qui remettrait peu à peu en cause l’ensemble du mode de production avant d’émettre la conclusion que nous sommes irrémédiablement aliénés. Bref, j’ai eu des jours meilleurs. Jusqu’à ce que tombe la nouvelle qui va éclairer ma journée : Grégoire de Fournas, député-viticulteur du Rassemblement National, vient poliment de demander à son collègue LFI Carlos Martens Milongo de « retourner en Afrique ». Avant de surenchérir dans l’intellect en précisant qu’il ne parlait pas de lui…

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Auteur: lundimatin